Alors que la seconde période de travaux prenait fin le 31 décembre dernier, le Préfet de la Creuse accordait le même jour une prolongation de 3 mois afin que la Société Cominor puisse réaliser sa campagne de forages destructifs (selon le terme technique les désignant officiellement … ) et de carottages.
Malgré le refus unanime de tout un département, le Préfet signe :
Une fois encore, l’Etat reste sourd aux voix sensées qui s’élèvent partout en Creuse (et même au-delà) : les propriétaires des principaux terrains concernés soutenus par les habitants n’ont pas donné leurs accords, les élus des communes, des communautés de communes ou d’agglomérations, du Département et de la Région Limousin ont voté contre. Mais qu’importe. La Société Cominor (détenue par un milliardaire égyptien) est autorisée à poursuivre ses projets.
Les membres de l’association Stopmines23 qui se réjouissaient dans un précédent communiqué que le sol n’ait pas eu à subir en 2015 les conséquences des forages profonds, s’indignent de cette prolongation de la seconde phase de travaux. Décision reçue par Stopmines23 comme un pas de plus vers la création, sur la commune de Lussat et aux alentours d’une mine à ciel ouvert doublée d’une usine de cyanuration classée SEVESO (activités industrielles présentant des risques technologiques majeurs).
Protéger la population et l’environnement :
L’association Sources et Rivières du Limousin et Stopmines 23 ont déposé un recours au tribunal administratif le 26 octobre 2015. Ce dossier bien étayé entend faire valoir qu’aux termes de la loi, les travaux de forages programmés sur Lussat n’auraient pas dû être autorisés.
Le travail de fond mené par les bénévoles de l’association depuis plus de 2 ans (actions d’information et de sensibilisation, dossiers techniques, juridiques, interpellations des acteurs publics et politiques) a permis de mettre en lumière un site minier abandonné en 1989 par la Total Compagnie Minière au cœur du périmètre du PER actuel : la galerie des Farges. Il s’agit d’une galerie de 757 m de qui a été creusée il y a 30 ans puis fermée, à cause « dit-on », du cours de l’or trop bas à l’époque. 6 000 m3 de déchets miniers ont été étalés près des berges de la Voueize (site classé zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique). Puisqu’on dit qu’il n’y a plus de poissons ici, l’association a demandé aux services de la Préfecture une étude de la pollution de ce site. La Dreal prétend avoir effectué une première visite sommaire cet été, mais aucun compte-rendu n’a encore été transmis.
Autre dossier pour la rentrée des membres de l’association : la concession sur le Châtelet qui a été laissée orpheline par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières il y a tout juste un an. Un autre permis pourrait y être délivré avec autant d’aisance que celui de Villeranges alors que la pollution permanente du site est avérée (malgré les 4,5 millions d’euros investis par les collectivités locales pour sa mise en sécurité).
La refonte en cours du Code Minier et la politique gouvernementale en la matière seront également suivis de très près. De même que le tissage de liens étroits avec l’ensemble des autres collectifs engagés dans la même lutte sur de vastes territoires français (y compris Guyane et Nouvelle-Calédonie) et dans de nombreux pays de par le monde.
Doucement mais sûrement, l’association continue de gagner en efficacité sur le terrain et d’accroître ses rangs (notamment vers l’Allier).