Rapport d’étude | Controverses minières · Volet 1

SystExt.org

Métaux rares, substances indispensables à la transition, exploitation zéro émission, techniques minières modernes, technologies intelligentes, impacts positifs sur la biodiversité, standards internationaux contraignants, nouvelles frontières extractives… Ces nouveaux concepts sont de plus en plus mis en avant tant dans l’espace public que dans les espaces plus spécialisés des géosciences et de l’industrie minérale. Pourtant sur le terrain, rien ne change.

Les nombreuses associations nationales et locales qui travaillent dans le monde entier sur les questions minières s’inquiètent au contraire de l’aggravation des impacts humains, sanitaires, environnementaux et sociaux ; tendance corroborée par le monde académique, qui multiplie les travaux de recherche sur la question. En France en particulier, la communication sur les questions minières dans l’espace public a donc vécu une transformation radicale : de la non-information à la désinformation.

Dans cette étude, SystExt propose, non pas de dénoncer des manœuvres de greenwashing mais d’alerter les citoyens sur l’écart grandissant entre cette communication et les réalités humaines et environnementales, avec trois principaux objectifs :

  • Réaliser un état de l’art des connaissances sur les sujets qui font l’objet de la communication la plus soutenue, tels que l’évolution de techniques minières ou encore les meilleures pratiques disponibles ;
  • Rendre accessibles ces données techniques pour alimenter le débat public ;
  • Dénoncer la gravité de la situation, concernant en particulier les pratiques inacceptables de l’industrie minière, et les perspectives alarmantes à moyen et long-terme.

L’objectif de cette étude n’est pas d’émettre des recommandations sur chacun de ces sujets. Il s’agit plutôt de mettre à disposition du plus grand nombre les données et informations permettant une prise de conscience et de position collective.

► Le rapport est disponible au lien suivant et téléchargeable en bas de page. Les résultats de l’étude sont détaillés et sourcés dans le rapport d’étude, seule une synthèse en est dressée ici.

Mine de cuivre de Palabora, Afrique du Sud ; à gauche : représentation imagée de la quantité de cuivre métal produite par la mine jusqu’à environ 2007 (© Dillon Marsh · Mise à disposition par le photographe · dillonmarsh.com) : à droite : Vue satellitaire de la mine et mise en évidence de l’emprise en surface des déchets miniers (© Google 2021) | Création : SystExt · Septembre 2021

• Industrie intrinsèquement prédatrice et dangereuse

Les gisements métalliques comportent deux caractéristiques intrinsèques :

  • Les minerais présentent généralement des teneurs très faibles, les substances d’intérêt étant disséminées dans des volumes de roche gigantesques ;
  • Les substances d’intérêt sont associées à un cortège d’éléments, principalement des métaux et des métalloïdes, dont certains sont particulièrement toxiques pour la santé humaine et, plus largement, pour toute forme de vie.

Pour ces deux dernières raisons, l’industrie minière met en œuvre des procédés complexes et longs, très consommateurs d’eau et d’énergie, et générant des quantités considérables de déchets. Cette industrie est d’ailleurs celle qui en produit le plus parmi toutes les autres industries.

Contrairement aux idées reçues, la phase du projet minier qui est la plus consommatrice n’est pas l’exploitation (que ce soit en souterrain ou en ciel ouvert) mais le traitement du minerai, qui représente à lui seul 70 % de la consommation d’eau et plus de 80 % de la consommation d’électricité d’un site minier.

Cette spécificité de l’industrie minière entraîne des réactions en chaîne : les déchets miniers générés induisent des impacts environnementaux majeurs, affectant tous les milieux (eaux, air, sols), et cette dégradation de l’environnement ainsi que la contamination des milieux de vie des populations sont à l’origine de conséquences sanitaires et sociales graves.

Étant donné que les sites miniers s’implantent sur des emprises importantes, requièrent l’usage massif d’eau, d’énergie et d’infrastructures pour leur fonctionnement, et sont à l’origine de dommages environnementaux, les conflits sont inévitables :

  • Conflits d’usages avec les riverains et acteurs locaux ;
  • Conflits socio-culturels dus aux perturbations profondes engendrées par l’installation du site, en particulier les migrations et les déplacements forcés de populations ;
  • Conflits socio-environnementaux avec les populations affectées et les défenseurs des droits.

Par ailleurs, l’industrie minière est souvent installée dans des zones occupées par des peuples autochtones et/ou à haute sensibilité écologique.

Il en résulte une exacerbation des conflits qui se reflète dans les statistiques mondiales : le secteur est responsable du plus grand nombre de conflits socio-environnementaux et est impliqué dans le plus grand nombre d’assassinats de défenseurs des droits.

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