Hommage à James Del Tedesco

SI A LA VIDA,

NO A LA MINA !

Nous, opposant.es à l’extractivisme d’ici et d’ailleurs, avons la douleur de vous faire part du décès de notre camarade James del Tedesco qui a combattu toute sa vie l’industrie minière au Mexique et en France.

Il y a près de trente ans, par un heureux hasard, James s’installait dans le village de Cerro de San Pedro, située au Nord-Ouest du Mexique. Peu après avoir acheté une maison, il s’informa des sombres projets de l’entreprise Minera San Xavier (filiale de l’entreprise canadienne New Gold). C’est ainsi qu’il s’engagea auprès du FAO (Frente Amplio Opositor a MSX) contre cette industrie mortifère. Peu enclin aux grands discours et préférant l’action bien pensée, il engagea toute sa personne dans cette lutte au point qu’il perdit plusieurs amis dont l’un fut assassiné sous ses yeux.

Mais James a également beaucoup compté en France. Il a notamment joué un rôle fondamental dans la construction du mouvement national contre l’extraction minière. Le 21 juillet 2009, il manifestait avec ses camarades devant l’ambassade du Canada au Mexique, pays d’où proviennent la plupart des grandes compagnies minières. Le lendemain, face au succès inattendu de cette mobilisation, Juan Carlos Ruiz Guadalajara (un de ses amis) proposa de décréter que le 22 juillet serait désormais la Journée internationale contre les mines à ciel ouvert. Quelques mois plus tard, Mariano Abarca Roblero, également présent lors du rassemblement, était assassiné au Chiapas…

Quatre ans plus tard, nous fûmes en France une poignée à suivre le mouvement qui avait été initié en 2009 par James et ses camarades. Le 22 juillet 2013, une vingtaine de personnes se regroupait à Tennie pour protester contre la reprise de l’extraction minière dans la Sarthe et plus largement en France. Un an plus tard, nous étions 500 à nous réunir dans la Creuse. Notre Jeannot (comme il aimait appeler tous ceux qu’il croisait), revenu du Mexique après avoir été menacé de mort, était présent. A l’âge de 72 ans il continuait le combat comme s’il en avait 20… L’année d’après, rebelote et ainsi de suite jusqu’à la fin.

Conscients d’avoir perdu un compañero de lucha, mais aussi et surtout un ami, nous avons tou.tes pleuré sa mort. Mais nous nous sommes aussi senti.es honoré.es d’avoir connu ce personnage haut en couleur qui est allé jusqu’au bout dans sa lutte. James est mort les armes à la main : au plus haut de la crise sanitaire que nous connaissons actuellement, il aidait les vieux du coin. Le COVID-19, ce rejeton de la société industrielle et capitaliste l’a emporté à l’âge de 78 ans.

Une citation de Bertolt Brecht reprise par le chanteur cubain Silvio Rodriguez résume peut-être mieux que nous ne l’avons fait ce que James fut pour nous :

« Il y a des hommes qui luttent un jour et ils sont bons, d’autres luttent un an et ils sont meilleurs, il y a ceux qui luttent pendant de nombreuses années et ils sont très bons, mais il y a ceux qui luttent toute leur vie et ceux-là sont les indispensables ».

Bertolt Brecht, La Mère ou Vie de la révolutionnaire Pélagie Vlassova de Tver, Scène 10 (1931)

Hasta Siempre Jeannot !