Résister à la monoculture minière. Retour sur la lutte de Skouriès en Grèce

Margot Verdier 26 janvier 2023

Derrière chaque éolienne, chaque panneau photovoltaïque, chaque voiture électrique, chaque data center se trouve une exploitation minière qui bouleverse les conditions sociales et écologiques des êtres peuplant le territoire où celle-ci s’établit. Le cas de la mine Skouriès, en Grèce, nous montre que les dommages infligés par la mine sont rendus indispensables par une politique promouvant certaines formes de vie au détriment d’autres.

« Ce projet est total, final. Nous sommes convaincus qu’il ne restera rien une fois le projet terminé. Il suffit de lire leurs études, les permis, etc. Le but de l’entreprise est de devenir l’unique activité économique de la région. Ils veulent être notre seule option. »

— Ellie, 21 juillet 2022.

La route construite par Hellas Gold s’achève à l’entrée de la mine. Skouriès, 21 juillet 2022, crédit : Margot Verdier

Du 15 au 24 juillet 2022, les opposant·es à la mine de Skouriès, dans la région de la Chalcidique en Grèce, organisaient le 9e camp contre l’extractivisme intitulé « 10 jours de lutte et de liberté ». Une centaine d’activistes se sont ainsi réunis autour de projections, d’ateliers et de débats pour partager leurs expériences et leurs réflexions. L’occasion de revenir sur l’une des luttes sociales qui a marqué l’histoire contemporaine de la Grèce.

Lancé au début des années 2000, le projet de mine à ciel ouvert de Skouriès prévoit la création d’une mine d’or et de cuivre, d’une surface totale de 55 km², creusée au cœur du mont Kalavos. La concession est attribuée à l’entreprise canadienne Eldorado Gold qui, pendant 20 ans, va extraire les résidus d’or que contient encore la mine (0,82 grammes par tonne de roche extraite) et d’autres minéraux. Les conséquences environnementales de cette exploitation inquiètent les habitant·es : destruction d’une partie de la forêt, redirection des cours d’eau et assèchement du mont Kavalos pour protéger la mine des inondations, pollution de l’air et de l’eau par le cyanure utilisé pour extraire l’or, acidification des eaux de drainage à cause de l’arsenic et du plomb rejetés par les roches fracturées, etc. Depuis 16 ans, les opposant·es se battent ainsi contre la destruction de leur environnement et pour la liberté de définir, elles et eux-mêmes, leurs modes de vie et de subsistance.

Source : Vasilios Melfos et Panagiotis Voudouris, « Map of Greece with the distribution of the most significant ore deposits » in Geological, Mineralogical and Geochemical Aspects for Critical and Rare Metals in Greece, revue Minerals 2(4), décembre 2012, p. 300-317. J’ai surligné le village de Skouriès et la ville de Thessalonique.

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