30 avril 2020 – Le télégramme
Une« Montagne d’or » est sur les rails en Guyane. Mercredi, un nouveau projet de mine d’or a obtenu le vote de la commission départementale des mines.
La commission départementale des mines de Guyane a donné un avis largement favorable aux prémices d’un nouveau projet de mine d’or de taille industrielle, « Espérance », co-porté en Guyane par la compagnie minière américaine Newmont, a indiqué mercredi l’un des membres de la commission.
« On a beau dire que le dossier minier ne répond pas à la réglementation minière et au code de l’environnement qui sont des préalables au renouvellement de la concession, la commission a voté en faveur du dossier Espérance », a contesté l’association Guyane nature environnement. La commission a voté en faveur du renouvellement pour dix ans de la concession minière située dans l’ouest de la Guyane, et de son extension. Le projet est porté par Newmont associé à un opérateur local, la compagnie minière Espérance (CME).
Ouverture programmée à 2025
Au total, le projet a rassemblé 12 voix pour, dont le président de la collectivité territoriale de Guyane et les services de l’État, 5 voix contre (dont Guyane nature environnement, des représentants amérindiens et le WWF), et deux absents.
Déjà présent au Suriname sur la mine Merian, Newmont envisage l’ouverture d’une mine d’or à ciel ouvert en 2025 dans la commune d’Apatou, similaire au grand projet minier à l’arrêt « Montagne d’or » porté par Nordgold-Columbus Gold.
Cette nouvelle mine envisagée en pleine forêt, près d’un village du Maroni, nécessiterait une usine à cyanuration et l’extraction de 20 millions de m3 de roches pour creuser une fosse de 300 mètres de profondeur, sur 1,5 km de longueur pour un premier gisement de 65 tonnes d’or, selon les documents de l’opérateur.À lire sur le sujet Projet minier. Coup de fièvre en Guyane (publié en août 2017)
Bruno Le Maire en faveur de Newmont-CME
« Les perspectives d’exploitation sont encore incertaines », note la Direction générale des territoires et de la mer de Guyane, précisant que le ministre en charge des mines, Bruno Le Maire, s’est prononcé en faveur du partenariat Newmont-CME.
C’est le conseil d’État qui tranchera sur ce dossier par décret dans les prochains mois. En cas de feu vert, les miniers seront ensuite dans l’obligation de demander une autorisation administrative avant toute exploitation. « L’avis de l’autorité environnementale » et une « enquête publique » seront alors nécessaires, a indiqué la.
« Déforestation massive »
Pendant 30 ans, CME a exploité de l’or sur le site « Espérance » sans autorisation d’ouverture de travaux miniers (AOTM) nécessaires pour un encadrement technique par l’État. « Des demandes avaient été déposées » auprès de l’administration ainsi qu’un « dossier de mise en conformité » mais rien n’a abouti, se défend Carol Ostorero, directrice générale de CME et présidente de la fédération des opérateurs miniers de Guyane.
« La déforestation massive altère gravement la biodiversité, accélère les changements climatiques » et favorise « l’émergence d’espèces vectrices d’épidémies », a dénoncé dans un communiqué le collectif Or de question, rassemblant 21 ONG opposées à l’extraction minière.