Vendredi 22 janvier 2016, les habitants de Lussat (23170) étaient conviés à une réunion d’information sur le retour des projets miniers. Cette commune, qui est au coeur du projet de mine à ciel ouvert déjà promise par Total en 1989, est de nouveau convoitée par l’entreprise Cominor, filiale de La Mancha. C’est à l’initiative de Mathieu, jeune agriculteur du village, que ce moment d’écoute et d’échange a pu être proposé, dans la salle des fêtes. Il a fait appel à l’expertise de membres de l’association StopMines23, qui réalisent un travail de recherches et d’analyses sur ce sujet depuis 2013.
La présentation commence par la projection de documents officiels et d’archives.
Les 9 années de recherche d’or (PER de Villeranges) réalisées par Total Compagnie Minière sont retracées. Cette entreprise aux capitaux d’état, avait ensuite demandé en 1989 le permis d’exploiter (demande de concession). Il s’agissait de l’exploitation d’une mine à ciel ouvert, comprenant l’installation d’une usine de cyanuration au cœur de la commune, au bord de notre rivière La Voueize.
Ce projet est au final rejeté par le ministre, en avril 1997 (en pleine dissolution de l’assemblée nationale), justifié par un cours de l’or devenu trop bas.
Documents à l’appui, une présentation de ce nouveau PER, attribué à Cominor, permet de comprendre comment l’entreprise privée revient convoiter les terres lussatoises, qui avaient échappé jadis à l’exploitation par Total.
L’assistance, visiblement attentive, est ensuite conviée à s’exprimer. Le micro circulant dans la salle permet à chacun de confier son opposition à ce projet. « Il vient apporter à notre commune des perspectives de désordre économique et social ». Les échanges portent sur le constat des pollutions incontournables « avant même de parler des traitements chimiques nécessaires pour extraire les atomes d’or, c’est le minerai lui-même, cette roche d’arsenic qui, actuellement cristallisée inerte dans notre sous-sol, sera extraite, moulue finement et ainsi remobilisée, et constituera les montagnes de déchets miniers responsables des désastres environnementaux et sanitaires ». C’est ce que connaît en Aude, la population des alentours de la mine de Salsigne, pourtant fermée en 2004.
Nous ne voulons pas d’un héritage comme celui du Châtelet (sur la commune voisine de Budelière), sachant que le volume de stériles évalués par le dossier Total représente 6 fois celui de cette ancienne mine. « Elle nous a valu, nous, contribuables, de dépenser 4,5 millions d’Euros pour simplement confiner les substances toxiques dans une alvéole dont on doute de la solidité devant l’éternité ».
L’assemblée a posé des questions précises pour comprendre les mécanismes administratifs et juridiques qui encadrent le processus du PER. Attribué initialement pour 3 ans (jusqu’au 18 novembre 2016), le permis de recherches peut se prolonger sur simple demande de la Cominor. Mais la société peut aussi à ce moment là, demander le permis d’exploiter pour créer la mine. Et cela peut se passer sur une durée de plusieurs années pendant lesquelles les riverains, s’ils ne maintenaient pas leur vigilance active comme aujourd’hui, pourraient se voir instruire dans leur dos, la procédure d’obtention de ce permis. Comme à l’époque de Total, cela se passera dans les bureaux et donc invisible sur le terrain. Il est vrai que les intentions de Cominor telles qu’elles avaient été publiées sur leur site internet, affirmaient qu’une fois la phase d’« exploration » échue en 2016, suivront les études de faisabilité débouchant sur une demande de licence d’exploitation en 2019.
Même si l’expression du refus par les creusois, leurs élus et l’opposition en Allier (directement concerné par la pollution de l’air porté par les vents dominants et des eaux du bassin versant du Cher) se fait entendre, M. le Préfet de Creuse aura alors entre ses mains, dès novembre 2016, le destin de notre territoire …
La séance est clôturée par les remerciements aux propriétaires qui n’ont pas donné leur accord pour les phases de travaux de forages. Mathieu de conclure : « c’est une arme qui préserve notre outil de travail menacé par l’expropriation, en cas d’accord du permis d’exploiter, mais aussi notre santé, notre cadre de vie et notre économie locale ».
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