Il n’y aura pas de rassemblement à l’initiative du collectif Stop Loi Sécurité Globale Creuse ce samedi 26 juin à Guéret, ni les prochains samedis. Non que nous baissions les bras, ou que nous tombions dans l’illusion de la victoire suite à la censure d’une partie de la loi sécurité globale par le Conseil Constitutionnel. La lutte contre les lois et mesures liberticides et l’autoritarisme de notre gouvernement continue. Seulement, nous nous mobilisons depuis des mois, chaque semaine, et nous manquons de disponibilité ces derniers temps pour organiser correctement les événements.
De plus, ce samedi se tiennent deux rassemblements en Limousin auxquels nous apportons tout notre soutien :
A Guéret, dès 14h, se tiendra la première « marche des fiertés » lesbienne et gay, à l’initiative du collectif LGBTQIA+ et du planning familial creusois. Rendez-vous au jardin de la Sénatorerie pour préparer le défilé.
A Limoges, au jardin d’Orsay, à 11h, un nouveau rassemblement en soutien aux inculpé-e-s du 15 juin est organisé. La disproportion des moyens déployés (PSIG, SDAT) pour interpeller des citoyens et citoyennes sans aucun passé criminel, et la nature des charges retenues – dégradation de biens de nature à porter atteinte aux intérêts de la nation notamment – ne font que confirmer ce que nous craignons et dénonçons au travers de la lutte contre la loi « sécurité globale » et autres mesures liberticides qui se multiplient à toute vitesse depuis un peu plus d’un an. Comment la dégradation d’une antenne relai et de véhicules appartenant à des entreprises qui ne sont plus vraiment publique depuis que le gouvernement s’emploie à les démanteler consciencieusement, peut-elle entraîner une accusation de « porter atteinte aux intérêts de la nation » ? Comment, une dégradation de biens, fussent-ils publics, peut-elle entraîner le déploiement des forces antiterroristes ? De plus comme l’ont justement fait remarquer les camarades de la CRS de Limoges, les médias locaux ne s’encombrent pas avec la présomption d’innocence. Les noms des inculpé-e-s ont été publiés. Et ils et elles sont déjà présenté-e-s comme des coupables alors qu’aucun procès n’a eu lieu.
Notre société glisse de plus en plus franchement vers l’autoritarisme, pour ne pas dire le fascisme. Lutter contre les Grands Projets Inutiles tels l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le barrage de Sivens, l’enfouissement de déchets radioactifs, ou contre des réformes sociales injustes telles la réforme des retraites ou de l’assurance chômage, ou encore contre des projets de lois menaçant nos libertés, nous vaudra-t-il d’être poursuivi-e-s pour avoir « porté atteinte aux intérêts de la nation » ? Toute forme de contestation pourrait nous valoir demain d’être traité-e-s comme des terroristes.
Il y a quelques années, les médias, nationaux et locaux, ont commencé à qualifier en toute impunité les militants écologistes de « terroristes verts ». Ici en Creuse, les militants du collectif Stop Mines 23 avaient été traité-e-s par le dirigeant de la Cominor de « terroristes intellectuels ». Début juin, se tenait le procès des « malfaiteurs », militants anti-nucléaire de Bure. Avant même le procès, les inculpé-e-s ont été empêché-e-s de se voir, de se parler, de circuler librement, pendant de nombreuses années. Une peine en soi, alors qu’aucun jugement n’avait encore été rendu. C’est un fait que les peines, les procédures, les charges retenues, contre les camarades militants et militantes qui ont la malchance d’être interpellé-e-s sont de plus en plus lourdes, et la cohorte de lois, mesures et décrets, liberticides et autoritaires qui passent depuis un plus d’un an viennent compléter l’arsenal répressif et sécuritaire de l’état. A tel point qu’aujourd’hui, on envoie l’antiterrorisme pour interpeller une institutrice, une menuisière, un plombier, un chargé de cours… Qu’est-ce, si ce n’est de l’intimidation ? Le gouvernement cherche à nous museler et à nous enchaîner par la peur. La démonstration de force du 15 juin n’en est qu’un exemple de plus.
En novembre dernier à Argentat (Corrèze), un membre d’une chorale a été interpellé à la suite d’une intervention musicale sur le marché. Son procès se tenait début juin également, à Tulle. Il a écopé de plusieurs mois de prison avec sursis, pour avoir chanté. Ou plutôt, pour « port d’arme » (un opinel dans sa poche) et pour rébellion et violence envers des agents des forces de l’ordre (accusations réfutées par son avocat et par les témoins de la scène). Et oui, même en plein confinement, chanter dans la rue ne constitue pas franchement un délit, encore moins un crime, alors l’appareil répressif et oppressif qui nous sert de justice trouve d’autres prétextes pour interpeller, inculper et punir. Dans les mains de cette justice-là, une pelle à tarte à vite fait de devenir une « arme par destination » (Bure, 2018).
Nous ne nous laisserons pas intimider et nous continuerons de lutter de toutes les manières possibles pour nos droits et libertés, contre l’autoritarisme et le fascisme.
A samedi, à Guéret ou Limoges.