Géothermie Haute température : Le sous sol de la Creuse suscite bien des interêts

Par Valérie Mosnier, France Bleu Creuse lundi 13 mars 2017

https://www.francebleu.fr/infos/climat-environnement/le-sous-sol-de-l-est-creusois-suscite-bien-des-interets-1489361306

Après le PER de Villeranges à Lussat, faudra t-il parler du PER Combrailles en Marche ? Une société toulousaine a déposé une demande de Permis Exclusif de Recherches auprès du Ministère de l’Environnement pour un projet de géothermie profonde qui concerne 36 communes de l’Est de la Creuse.

Il y a l’or du côté de Lussat, pour lequel la société Cominor a fait une demande de renouvellement du PER de Villeranges, en juillet dernier, et toujours en cours d’examen. TLS Géothermics, basé à Toulouse, s’intéresse à la chaleur qui se trouve à plusieurs centaines de mètres sous terre, également sur la partie Est de la Creuse : « Globalement, on a déterminé le Massif Central comme étant le plus gros potentiel en France » explique le président de la start-up Mathieu Auxiètre.

Pas de fracturation hydraulique

TLS Géothermics, créée en 2012, a déposé une demande pour un Permis Exclusif de Recherches auprès du Ministère de l’Environnement (août 2015). Le « PER Combrailles en Marche » concerne une vaste zone à cheval sur le Puy de Dôme, l’Allier et la Creuse, où 36 communes sur 458 km² sont concernées sur une vaste bande allant de Lavaufranche à Mainsat en passant par Parsac-Rimondeix et Lussat. On parle ici de géothermie profonde, avec des forages allant de 3.000 à 5.000 mètres de profondeur pour extraire la chaleur de la roche, de l’eau très chaude entre 150 et 200 degrés, et ensuite transformer les calories en énergie. L’eau refroidie est ensuite réinjectée dans le sous-sol.

C’est très différent de la géothermie qu’on peut avoir sous sa pelouse – Jehan Duvieusart

« Pas question d’utiliser la fracturation hydraulique » insiste Mathieu Auxiètre, « car ici les roches sont déjà fracturées naturellement, les failles sont très anciennes et il y a déjà des fractures natuelles avec de l’eau ». C’est pourtant ce que craignent les membres du collectif Stop Mines 23, créé après l’arrivée de Cominor. Jehan Duvieusart, maraîcher bio à Chambonchard, fait partie du Collectif Stop Mines 23 et pour lui, il faut se méfier de ce projet de géothermie profonde : « il faut bien faire la distinction entre ce type de géothermie, qui recherche des roches chaudes, on parle dans notre région de 3.000 mètres de profondeur, donc c’est très différent de la géothermie qu’on peut avoir sous sa pelouse. » Et même si la fracturation hydraulique n’est pas utilisée, ça n’empêche pas Jehan Duvieusart d’être inquiet : « même avec des forêts super aiguisés, il faudra du fluide, il faudra lubrifier tout ça, c’est des produits chimiques. »

La demande du « PER Combrailles en Marche » est toujours à l’étude. Mais sans attendre le feu vert de l’Etat, la société s’est déjà rendue sur le terrain pour des premières mesures, des premiers relevés dans des champs d’agriculteurs creusois, « effectivement l’Etat pourrait nous refuser le permis, mais nous à priori on pense qu’il n’y a pas de raison parce que la géothermie est soutenue par l’Etat », résume Mathieu Auxiètre.

5 mégawatts et potentiellement de l’énergie toute l’année

L’objectif final du président de TLS Géothermics est d’installer une centrale électrique qui produirait « 5 mégawatts, ça permet d’alimenter entre 5 et 10.000 personnes, c’est une centrale qui peut potentiellement fournir de l’énergie toute l’année en continue et en terme d’emprise au sol c’est moins d’un hectare. Les puits en surface sont séparés que quelques mètres et ça peut être intégré au paysage de manière tout à fait correcte. »

De son côté, Jehan Duvieusart soulève une autre question : « sur notre territoire relativement rural, d’un peu plus de 120.000 habitants, avec les projets éoliens, les barrages hydrauliques, le photovoltaïque qui se développe comme la bio-méthanisation… Est-ce qu’on a besoin de la géothermie profonde en plus pour assurer nos besoins énergétiques ? Ou est-ce qu’on fait le choix que notre région devienne une zone de production massive d’énergie ? »

La prochaine étape c’est la consultation publique sur internet qui ne devrait plus tarder. Ce sera l’occasion pour chacun d’avoir accès à des documents ET de donner son avis.

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