NON AU GAZ DE COUCHE EN LORRAINE

la pétition en ligne ici :

https://agir.greenvoice.fr/petitions/non-au-gaz-de-couche-en-lorraine-2

L’entreprise “La Française de l’énergie” tente de faire passer en force un projet d’extraction de gaz de couche en Lorraine, cela pourrait représenter près de 400 puits. A l’heure où notre pays doit sortir de la dépendance aux énergies fossiles et respecter ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ce projet est un non-sens écologique, économique et social.

Qu’est-ce que le gaz de couche ?
Le gaz de couche est un gaz cousin du gaz de schiste (c’est le méthane prisonnier des couches de charbon) son extraction nécessite l’utilisation de techniques non conventionnelles invasives et risquées.

Pourquoi cela ne vaut pas le coût ?
Parce que l’entreprise profite de la crise actuelle pour faire miroiter l’indépendance énergétique sans préciser qu’une très faible quantité de gaz est réellement récupérable.

Pourquoi nous avons tout à perdre ?
Car le gaz ne sera pas moins cher, il sera toujours indexé sur le prix du marché.
Autoriser les forages impliquerait la mise en péril de notre ressource en eau potable, la destruction de terres agricoles, des risques de déstabilisation du sous-sol.
L’entreprise envisage de forer 400 puits comprenant chacun entre 2 et 4 drains allant de 1 à 2 km chacun. Une fois le gisement épuisé, nous serions à nouveau au point de départ avec des conséquences environnementales en supplément.

Une entreprise bancale ?
Pour obtenir le permis, l’entreprise doit démontrer qu’elle dispose de capacités techniques et financières pour mener à bien les travaux et faire face aux éventuelles conséquences. Des doutes sérieux existent quant à ces capacités. Qui paiera les conséquences ?

Pourquoi faut-il agir maintenant ?

Pour tout projet il faut évaluer le rapport coût/bénéfice : ici, le bénéfice est trop mince (un gaz pas moins cher) pour un risque trop important sur les populations, leur santé, leurs économies et l’environnement.

Nous demandons au gouvernement de refuser cette demande de concession.

Le gouvernement est déjà hors délai pour rendre un avis, qui est à présent attendu avant le début de l’été, afin d’autoriser ou de refuser cette demande de concession. A l’heure de l’urgence climatique, nous demandons au gouvernement de refuser ce projet. L’octroi de cette concession, serait un nouveau renoncement du gouvernement face à ses
engagements environnementaux et une abdication face à la pression d’entreprises spéculatives. Signez la pétition pour demander au gouvernement de prendre ses responsabilités et nous montrer que son engagement en faveur de l’environnement n’est pas une mascarade électoraliste.

Pour en savoir plus, retrouvez la lettre ouverte envoyée au gouvernement en janvier 2021 : https://bit.ly/3wlVZwz

Depuis juin 2020, SystExt mène un projet d’étude qui souhaite mettre en exergue les réalités de l’après-mine en France métropolitaine

La mine de tungstène de Salau : entre projet de réouverture et gestion de l’après mine

22 mars 2022

Depuis juin 2020, SystExt mène un projet d’étude qui souhaite mettre en exergue les réalités de l’après-mine en France métropolitaine. Celui-ci prévoit la visite d’une vingtaine d’anciens sites miniers dans une dizaine de départements, afin de rencontrer des populations affectées ainsi que les autres acteurs concernés par les pollutions minières. SystExt revient sur ces territoires miniers au travers de huit reportages de terrain, étayés de recherches bibliographiques. Huitième volet de la série : Salau dans l’Ariège, ancienne mine de tungstène.

Carreau 1230 et ancien bâtiments de la mine de Salau | B. Bergnes pour SystExt · Juillet 2021 · cc by-sa-nc 3.0

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Anciennes activités minières de la vallée du Biros : pollutions en héritage, leur gestion en devenir

Sixième volet de la série : Sentein dans l’Ariège, ancienne mine de plomb-zinc.

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Spéculation et exploitation minière : histoire de la vallée d’Orle

Septième volet de la série : La vallée d’Orle dans l’Ariège, anciennes mines de plomb-zinc.

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Sain-Bel, de l’exploitation intensive dans la vallée de la Brévenne à l’essor industriel de la vallée de la chimie

Cinquième volet de la série : Sain-Bel dans le Rhône, ancienne mine de pyrite et de cuivre.

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Chessy, une légende du cuivre face aux défis des pollutions minières

Quatrième volet de la série : Chessy dans le Rhône, ancienne mine de cuivre.

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Saint-Pierre-Montlimart : de l’or convoité, des sables pollués et des espèces protégées

Troisième volet de la série : Saint-Pierre-Montlimart dans le Maine-et-Loire, ancienne mine d’or.

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Des intérêts difficiles à concilier dans la gestion de l’ancien site minier d’Abbaretz

. Deuxième volet de la série : Abbaretz dans la Loire-Atlantique, ancienne mine d’étain.

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À Saint-Félix-de-Pallières, des risques connus mais des populations laissées-pour-compte

Premier volet de la série : Saint-Félix-de-Pallières dans le Gard, ancienne mine de plomb-zinc

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« Tout le monde déteste les bassines » : dans les Deux-Sèvres, une grande manifestation pour protéger l’eau

28 Mars – Héloïse Leussier et Quentin Vernault (Reporterre)

Des milliers de personnes ont manifesté samedi 26 mars à La Rochénard, dans les Deux-Sèvres, lors d’un weekend contre les mégabassines. Un tuyau supposé servir à l’alimentation d’une future bassine a été déterré pendant la marche.

La Rochénard (Deux-Sèvres), reportage

Le printemps donne de nouvelles couleurs à la mobilisation contre les mégabassines dans les Deux-Sèvres. Près de 7 000 personnes, selon les organisateurs, se sont rassemblées entre le 25 et le 27 mars à La Rochénard, pour s’opposer à la construction de réserves d’eau prélevée dans des nappes phréatiques, dites mégabassines, destinées à l’agriculture intensive. Un rassemblement parti d’un appel des organisations Bassines Non Merci, les Soulèvements de la Terre et la Confédération Paysanne [1].

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Mine de lithium : plus de 600 manifestants à Tréguennec

Le télégramme – Publié le 26 février 2022

Ce samedi, la cour de l’ancienne école publique de Tréguennec (29) était bien trop petite pour contenir les quelque 600 manifestants venus protester contre une hypothétique mine de lithium dans la commune.

Ce samedi, en début d’après-midi, plus de 600 manifestants ont convergé vers Tréguennec (320 habitants), dans le pays Bigouden, pour protester contre une éventuelle exploitation minière du vaste gisement de lithium contenu, en bord de mer, dans le sous-sol de cette commune. Stéphane Le Garrec, l’organisateur de ce rassemblement, n’en croyait pas ses yeux. « Nous sommes 8 000 sur Facebook, les gens ont bien suivi notre appel. ».

Et tout avait été prévu pour accueillir beaucoup de monde. La gendarmerie, présente dans le bourg avait même mis en place une déviation, en prévision d’un trafic routier inhabituel.

« C’est un endroit magnifique »

Dans la foule se trouvait Catherine. « Je connais très bien la zone en question. C’est un endroit magnifique, un vrai paradis pour la faune et la flore, mais aussi les humains. Les images de mines à ciel ouvert sont impressionnantes. Je ne peux pas imaginer un tel trou béant dans une zone naturelle protégée. C’est pourquoi je suis là aujourd’hui. »

De nombreuses pancartes étaient brandies. On pouvait y lire : « Tréguennec illumine dans son désir de faire mine » ; ou encore, « Ni ici ni ailleurs pour un monde meilleur ».

Manifestation à Tréguennec (29), le 26 février 2022, contre l'éventuelle exploitation d'un gisement de lithium.
Si aucun projet d’extraction de lithium n’est prévu, selon le ministère de la Transition écologique, la vigilance est de mise parmi les manifestants. (Photo François Destoc)

C’est le maire, Stéphane Morel qui, le premier, a pris la parole sur une petite estrade aménagée sur des palettes. Après avoir demandé de respecter une minute de silence pour le peuple ukrainien, l’élu a annoncé qu’une motion contre un éventuel projet de mine avait été votée la veille au conseil municipal. Et que cette motion serait aussi proposée aux autres conseils municipaux du secteur. À lire sur le sujet : Lithium : comment procède-t-on pour l’exploiter ?

« La zone, classée Natura 2000, est labellisée zone humide d’importance internationale, a poursuivi Stéphane Morel. Elle est proche d’un site archéologique préhistorique classé. Un projet minier serait de la folie. » L’élu a aussi fait part d’un message reçu du ministère de la Transition écologique, à 12 h 56. « Il dit qu’aucun projet d’extraction de lithium n’est prévu sur la commune. Nous resterons vigilants. »

« Restons vigilants »

Vincent Bonnecase, président d’une association locale, le Bruit des Galets, a invité tous les participants au rassemblement à rester vigilants. Il a également justifié l’organisation de la manifestation, même si rien n’est véritablement décidé. « On nous dit qu’il n’y a rien dans les cartons. Mais attention, l’histoire nous montre que quand les choses sont sur les rails, il est souvent trop tard pour réagir. Aujourd’hui nous faisons entendre nos voix. Je voudrais aussi que l’on prenne conscience que les objets de haute technologie que nous utilisons aujourd’hui sont fabriqués avec des métaux rares qui proviennent des mines où travaillent souvent des enfants. Il ne s’agit pas de refuser ici ce que l’on accepte loin des regards. » Il est également revenu sur le classement de la zone. « Protéger une zone est un acte fort. On ne doit pas pouvoir faire marche arrière. »

Nicole et Félix Le Garrec dans la foule

Les discours ont été chaudement applaudis. Claude, la cinquantaine, venu de Plogoff, haut lieu symbolique de la lutte bretonne contre un projet de centrale nucléaire dans les années 70, ne cachait pas son enthousiasme. « Je suis vraiment content de voir autant de monde. Toucher à cette zone serait un massacre. Je connais bien le secteur, j’y allais souvent quand j’étais ado. »

Manifestation à Tréguennec (29), le 26 février 2022, contre l'éventuelle exploitation d'un gisement de lithium. Ici, Nicole et Félix Le Garrec, réalisateurs de "Des pierres contre des fusils"
Nicole et Félix Le Garrec, témoins de la lutte de Plogoff contre le nucléaire, à travers leur film « Des pierres contre des fusils », ont pris la parole, ce samedi, à Tréguennec. (Photo François Destoc)

À quelques mètres de lui se tenaient Nicole et Félix Le Garrec, réalisateurs du film « Des pierres contre des fusils » tourné lors des événements de Plogoff. Le couple a été invité à prendre la parole. Un symbole fort.


A lire aussi : Gisement de lithium : « Tréguennec et le Pays bigouden ne sont pas à vendre » : https://www.letelegramme.fr/finistere/pont-labbe/gisement-de-lithium-treguennec-et-le-pays-bigouden-ne-sont-pas-a-vendre-02-02-2022-12916242.php

Géothermie profonde-Arrêt définitif du forage de Vendenheim à cause des séïsmes induits

le 18/01/22

https://www.20minutes.fr/societe/3219131-20220118-strasbourg-projet-geothermie-definitivement-enterre

ENERGIE La préfecture du Bas-Rhin a mis en demeure l’opérateur de géothermie Fonroche de produire la déclaration d’arrêt définitif du forage de Vendenheim/Reichstett

La préfecture du Bas-Rhin indique dans un communiqué avoir réuni le comité de suivi du site géothermique de Reichstett-Vendenheim lundi. Une instance qui réunit les maires et des représentants des collectivités, les associations de riverains, les représentants des autorités allemandes, les services de l’État et de la société de géothermie Fonroche. Il s’agit de la cinquième réunion de cette instance depuis décembre 2020.
La préfète a rappelé son arrêté (du 2 février 2021) demandant à Fonroche de « procéder à la déclaration d’arrêt définitif de travaux de son site géothermique de
Vendenheim. » Puis elle a informé les membres du comité avoir mis en demeure Fonroche de produire ce « dossier de déclaration d’arrêt définitif de travaux. »

voir la vidéo

Les autres sites suspendus

La préfète a également rappelé ses prescriptions pour les sites d’Eckbolsheim et d’Hurtigheim ainsi que le site d’Illkirch exploité par la société Électricité de Strasbourg, à qui elle demande des compléments d’études afin de tenir compte des observations et
recommandations du comité d’experts. En attendant la transmission des compléments, toutes les opérations de terrassement, de forage et de stimulation sur ces sites sont suspendues.

De son côté Fonroche a présenté la gestion des demandes d’indemnisation qui lui sont adressées. Enfin, le comité d’experts a confirmé que ses conclusions seront remises à la préfète en mars prochain. Celles-ci pourront alors être communiquées au comité de suivi du site géothermique de Reichstett-Vendenheim.

La Creuse est-elle riche de sa géothermie ?

le 16/01/2022 – La Montagne

Le sous-sol de Creuse pourrait abriter une abondante activité géothermique, à plusieurs kilomètres de profondeur. Une énergie potentiellement inépuisable que certains aimeraient pouvoir exploiter, en particulier pour produire de l’électricité. 

C’est notamment le cas des sociétés TLS Geothermics et Storengy, qui scrutent le sous-sol de l’est creusois depuis plusieurs années, dans le cadre d’un permis de recherche accordé par l’État. Permis pour lequel elles viennent d’effectuer une demande de renouvellement pour cinq ans. Cette perspective inquiète certains habitants qui redoutent des impacts sismiques et des pollutions environnementales.

L’enfer est tapi sous le tranquille et verdoyant plancher des vaches creusois. À environ dix kilomètres de profondeurs, circulent dans des failles granitiques, des eaux dont la température avoisinerait les 350°. Une chaleur extrême et dantesque. Mais qui pourrait être, pour certains, une incroyable source d’énergie.

C’est notamment l’avis de Franck Noury. Celui qui se présente comme un « propriétaire bailleur sur la ville de la Souterraine » a interpellé la Préfecture de la Creuse, par mail, en octobre dernier, dans le cadre de la consultation publique liée au Schéma départemental des énergies renouvelables (*).

Une énergie renouvelable et non-intermittente

« Le sous-sol creusois « possède de nombreuses fractures naturelles à 4 km de profondeur en moyenne. Ces immenses fractures sont remplies de liquide à 180 degrés (sorte de saumure riche en minéraux dont du Lithium en grande quantité) », assure Franck Noury. L’homme suggère que cette énergie dite “géothermique” puisse être captée afin de « produire une électricité en continu (par opposition à l’éolien et au solaire, NDLR). Avec une faible emprise au sol (1 hectare). ». Par ailleurs, pour ce citoyen averti, l’eau pompée « permettrait la production d’eau chaude pour une ville comme la Souterraine ». Mais aussi des « serres maraîchères » voir un « parc aquatique ».

Dans sa réponse adressée à Franck Noury, la Direction Départementale des Territoires de la Creuse indique notamment que la « géothermie de grande profondeur » (qui concerne une ressource énergétique située à plus de 1.000 m de profondeur, cf. article page 3) « nécessite des investissements conséquents (surtout pour des forages à grande profondeur en milieu granitique), une technicité forte et des procédures lourdes », notamment un permis de recherche au titre du code minier.

Tout en soulignant que « la société TLS Geothermics dispose actuellement d’un tel permis de recherches dans l’Est Creusois ». Pouvoir jouir un jour d’une énergie “éternelle” en exploitant la chaleur du sol ne serait donc pas un fantasme, mais une éventualité sérieusement envisagée par une entreprise.

Production d’électricité

Mais qui est TLS Geothermics ? Et quelle est sa démarche ? Selon son président fondateur, Mathieu Auxiètre, cette société basée à Toulouse a été créée en 2012 dans l’objectif de « trouver des gisements d’eau chaude ». Et ce, notamment dans le Massif central. Ainsi, TLS a obtenu en 2017 un premier Permis exclusif de recherche (PER) dit permis de “Combrailles en Marche”, sur une zone géographique s’étendant sur l’est de la Creuse, une frange ouest de l’Allier et une partie du Puy-de-Dôme.

« Les géothermomètres chimiques des sources thermales d’Évaux-les-Bains atteignent notamment des températures situées entre 150 et 200° entre 3 et 5 kilomètres de profondeur. Nous faisons l’hypothèse que, plus bas, l’eau est encore plus chaude »

Mathieu Bellanger (ingénieur géologue chez TLS)


« Nous visons les grandes zones de faille qui permettent à cette eau de circuler. Nous avons espoir de pouvoir démontrer que ces circulations existent », continue le spécialiste. 

TLS indique notamment avoir mesuré des variations des champs électriques et magnétiques naturels probablement liées à la présence d’eau « dans les cinq premiers kilomètres du sous-sol », précise Mathieu Bellanger. « Au-delà de ces cinq premiers kilomètres, cela devient plus difficile à apprécier ». D’où l’intérêt pour TLS de pouvoir peut-être un jour réaliser un forage. Cependant, comme l’indique Mathieu Auxiètre, « Le choix de faire un forage d’exploration en géothermie profonde est une décision longue à prendre. Il y a bien sûr une enquête publique en amont. Et cela revient à plusieurs millions d’euros ». Dans une volonté d’optimiser ce coût, TLS prévoit que ses éventuels puits d’exploration deviennent par la suite des puits « producteurs ». Les géologues n’ont donc pas le droit à l’erreur.

De plus, le PER “Combrailles-en-Marche” avait une première période de validité de trois ans. TLS a ainsi formulé en 2020 une demande de prolongation auprès des services de l’État. Demande effectuée en association avec Storengy, filiale du groupe Engie engagée dans la recherche et l’exploitation de gisements géothermiques. Le périmètre du nouveau PER convoité par le tandem concernerait désormais 28 communes du nord-ouest creusois et neuf situées dans l’Allier. Un espace plus restreint, désormais localisé autour d’une portion de la faille géologique de la Marche, entre Huriel (dans l’Allier) et Boussac.

« L’État demande de réduire notre périmètre d’exploration. Nous avons choisi de nous concentrer particulièrement sur une zone allant d’Evaux à Lussat »

Mathieu Auxiètre

Plusieurs cibles sont dans le viseur de l’attelage TLS/Storengy. D’abord la possibilité d’utiliser l’eau chaude du sous-sol pour produire de l’électricité. De l’eau circulant en circuit fermé pourrait permettre de faire tourner des turbines. « Nous pensons qu’il est possible de développer des petites centrales de 5 à 6 Mégawatts, sur ce type de contexte géothermique. Ce qui permettait d’alimenter environ 20 000 habitants », avance Mathieu Auxiètre.

A lire aussi : Cinq questions pour comprendre le projet de centrale de géothermie profonde à Saint-Pierre-Roche (Puy-de-Dôme)


Mais TLS émet aussi l’hypothèse que le fluide circulant à grande profondeur contiendrait également des éléments comme du lithium, métaux entrant dans la composition de batteries, ou de la silice, minéral permettant notamment de fabriquer des panneaux photovoltaïques. Autant de matières aujourd’hui stratégiques qui, pour Mathieu Auxiètre, pourraient être extraites de manière “propre” : « il est possible de récupérer ces éléments avec des filtres et donc avec impacts environnementaux bien moindres qu’une mine classique ».

Le sous-sol d’Evaux-les-Bains serait concerné par une importante activité géothermique profonde. En témoignent ses sources chaudes exploitées par les thermes depuis des millénaires. La commune fait partie du secteur exploré par les entreprises TLS Geothermics et Storengy. Archives Floris Bressy avec le concours de l’aéroclub de la Creuse.

Le spectre de la fracturation hydraulique

Pourtant, certains Creusois sont inquiets des répercussions que pourrait avoir une telle exploitation du sous-sol local. Ainsi, le collectif Stop Mine 23 alerte depuis plusieurs années contre les dangers potentiels de ce type d’initiatives. Perrine Garreau, membre du collectif, évoque dans un mail un « projet d’énergie verte qui ne l’est pas ». Et dénonce le recours à une « méthode expérimentale de forage très profond, jusqu’à 5 km de profondeur ! D’où des risques de séismes ». Une crainte légitime, alors que des tests effectués dans le cadre d’un projet de géothermie profonde ont provoqué une série de séismes en Alsace, dans la région de Strasbourg courant 2020.

Perrine Garreau fait par ailleurs référence à « l’utilisation de la fracturation hydraulique donc le risque de contamination des nappes phréatiques, un investissement financier totalement démesuré par rapport à la production d’énergie produite annoncée, d’où nos soupçons d’exploitation du lithium qui nécessite des produits chimiques… ».

La fracturation hydraulique, méthode consistant à fracturer des roches en injectant un mélange d’eau et de produits chimique à forte pression, dans les sols, est particulièrement controversée. Notamment utilisée dans le cadre de l’exploitation du gaz de schiste aux États-Unis, cette technique est impliquée dans des tremblements de terre et des pollutions des eaux et des sols. De son côté, Mathieu Auxiètre se veut rassurant :

« Personne en géothermie profonde n’a recours à la fracturation hydraulique »

En précisant que s’il y a forage en Creuse, celui-ci sera effectué par l’intermédiaire d’une méthode classique reposant sur l’abrasion de la roche. La Préfecture de l’Allier qui coordonne l’instruction de la demande du PER de TLS/Storengy rappelle quant à elle que « la fracturation hydraulique a été interdite en France en 2011 pour l’exploitation des gisements d’hydrocarbures. » Tout en insistant sur le fait que cette technique « a de très fortes conséquences environnementales et ne serait pas acceptée par l’administration pour l’exploitation de gîtes géothermiques, dans la mesure où il existe d’autres méthodes plus appropriées à l’exploitation des gîtes géothermiques, et moins impactant ».

Concernant les risques sismiques, Mathieu Bellanger affirme que les « aléas sismiques sont limités » dans le secteur exploré, car les roches y sont « globalement dures ». Tout en affirmant que TLS prend ce sujet très au sérieux :

« Nous allons faire des tests permettant de mesurer la capacité de la roche à être perméable. Et ainsi pouvoir écarter les risques de microséismes ressentis. Cette question est cruciale pour nous. Nous devons la maîtriser afin d’éviter que les gens ressentent la même chose qu’à Strasbourg ».

Matthieu Bellanger


S’il est prolongé, ce permis d’exploration de géothermie permettra à TLS Geothermics et à Storengy de poursuivre les recherches jusqu’à 2025. Avec, d’ici là, une faible probabilité qu’un forage soit réalisé. Pour l’heure, pas de quoi faire trembler la terre creusoise, donc. 

(*) Document proposant un état des lieux et différents scénarii de développement des énergies renouvelables, pour la Creuse. Élaboré sous la coordination des services de l’État, le Schéma départemental des énergies renouvelables de la Creuse a fait l’objet d’une consultation publique, à l’automne 2021.

François Delotte

https://www.lamontagne.fr/evaux-les-bains-23110/actualites/la-creuse-est-elle-riche-de-sa-geothermie_14073382/

Uranium : la face cachée du nucléaire français

27 janvier 2022 – Mines et Gaz de schiste – Reporterre

Parcours du minerai au combustible nucléaire, effets sur la santé, colonisation, pollutions… Dans leur Atlas de l’uranium — Faits et données relatifs à la matière première de l’ère atomique dévoilé mercredi 26 janvier, les fondations Nuclear Free Future, Rosa-Luxemburg-Stiftung et le réseau Sortir du nucléaire entendent tordre le cou aux idées reçues sur ce métal lourd qui alimente les réacteurs nucléaires.

Trente-sept auteurs et experts du monde entier ont été sollicités pour la réalisation de cette première édition francophone — des éditions anglophones et germanophones avaient déjà vu le jour en 2019. « Une édition française était nécessaire pour aborder certains sujets tels que les mines d’uranium en Afrique francophone et certaines pollutions persistantes liées aux mines d’uranium françaises, indique à Reporterre Charlotte Mijeon, du réseau Sortir du nucléaire. Elle sera d’autant plus utile dans ce contexte de campagne présidentielle, où les débats sur le nucléaire ne volent pas très haut et consistent souvent en une accumulation de clichés. »

Parmi ces idées reçues, l’indépendance énergétique française grâce au nucléaire. « C’est un mythe », affirme Mme Mijeon. La France n’exploite plus de mines d’uranium sur le territoire national depuis 2001 et importe l’intégralité de son uranium — quelque 10 656 tonnes par an, provenant principalement du Kazakhstan, du Niger, du Canada, de l’Australie et de l’Ouzbékistan.

Plus généralement, « la question des mines d’uranium est un impensé », constate Charlotte Mijeon : « La France ne tient pas compte des pollutions causées par l’extraction de l’uranium à l’étranger et de leurs conséquences, notamment sur les mineurs et sur les communautés indigènes. La pollution persistante qui émane des 247 mines d’uranium abandonnées en France est également peu connue. » Cette industrie a pourtant laissé derrière elle 200 millions de tonnes de stériles miniers radioactifs sommairement enterrés, lit-on dans l’Atlas. « Ils ne sont pourtant pas considérés comme des déchets radioactifs », soupire la porte-parole du réseau. Qui tient à rappeler que « ceux qui prétendent que les déchets radioactifs tiennent dans une piscine olympique ne considèrent que l’aval de la production électronucléaire et oublient toutes les étapes de fabrication du combustible ».

Télécharger le rapport

Macron à Aubusson – Manif lundi 16h

Lundi 24 Janvier – La CGT et la FSU organisent une manifestation : rendez-vous à 16 h devant l’Union locale CGT, 50 Grande rueAubusson

https://labogue.info/

Annoncé par le député de la Creuse Jean-Baptiste Moreau, Macron se déplace pour faire sa communication pré-électorale, qui ça étonne encore ?
Il sera accompagné des ministres Olivier Véran (Santé), Julien Denormandie (Agriculture) et du secrétaire d’État à la ruralité Joël Giraud.

La tournée devrait passer lundi 24 par :

  • le lycée agricole d’Ahun pour aborder les questions de la jeunesse,
  • la maison de santé de Bourganeuf pour parler santé en ruralité
  • et la cité de la tapisserie d’Aubusson afin d’y décorer André Chandernagor. La CGT et la FSU organisent une manifestation : rendez-vous à 16 h devant l’Union locale CGT, 50 Grande rue.

Les ravages de l’exploitation minière : une réalité méconnue

La terre au carré – jeudi 13 janvier 2022 par Mathieu Vidard

https://www.franceinter.fr/emissions/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-jeudi-13-janvier-2022

Contrairement aux idées reçues, les techniques d’exploitation et de traitement les plus utilisées dans les mines n’ont pas évolué depuis plus d’un siècle.

Dans un rapport d’enquête très documenté publié le 16 novembre 2021, les géologues et les ingénieurs miniers de l’association SystExt dénoncent la réalité de l’extraction minière.

Méconnue et opaque, l’industrie minière opère en toute impunité en détruisant des écosystèmes de façon irréversible et en mettant en danger des populations entières…

Face à une demande croissante en métaux dans notre société, quelles perspectives pour cette industrie prédatrice et dangereuse ?

On fait le point avec nos deux invitées, Aurore Stephant ingénieure géologue minier (Systext)  et Celia Izoard journaliste et essayiste sur les questions des nouvelles technologies et de l’énergie

Rapport d’étude | Controverses minières · Volet 1

SystExt.org

Métaux rares, substances indispensables à la transition, exploitation zéro émission, techniques minières modernes, technologies intelligentes, impacts positifs sur la biodiversité, standards internationaux contraignants, nouvelles frontières extractives… Ces nouveaux concepts sont de plus en plus mis en avant tant dans l’espace public que dans les espaces plus spécialisés des géosciences et de l’industrie minérale. Pourtant sur le terrain, rien ne change.

Les nombreuses associations nationales et locales qui travaillent dans le monde entier sur les questions minières s’inquiètent au contraire de l’aggravation des impacts humains, sanitaires, environnementaux et sociaux ; tendance corroborée par le monde académique, qui multiplie les travaux de recherche sur la question. En France en particulier, la communication sur les questions minières dans l’espace public a donc vécu une transformation radicale : de la non-information à la désinformation.

Dans cette étude, SystExt propose, non pas de dénoncer des manœuvres de greenwashing mais d’alerter les citoyens sur l’écart grandissant entre cette communication et les réalités humaines et environnementales, avec trois principaux objectifs :

  • Réaliser un état de l’art des connaissances sur les sujets qui font l’objet de la communication la plus soutenue, tels que l’évolution de techniques minières ou encore les meilleures pratiques disponibles ;
  • Rendre accessibles ces données techniques pour alimenter le débat public ;
  • Dénoncer la gravité de la situation, concernant en particulier les pratiques inacceptables de l’industrie minière, et les perspectives alarmantes à moyen et long-terme.

L’objectif de cette étude n’est pas d’émettre des recommandations sur chacun de ces sujets. Il s’agit plutôt de mettre à disposition du plus grand nombre les données et informations permettant une prise de conscience et de position collective.

► Le rapport est disponible au lien suivant et téléchargeable en bas de page. Les résultats de l’étude sont détaillés et sourcés dans le rapport d’étude, seule une synthèse en est dressée ici.

Mine de cuivre de Palabora, Afrique du Sud ; à gauche : représentation imagée de la quantité de cuivre métal produite par la mine jusqu’à environ 2007 (© Dillon Marsh · Mise à disposition par le photographe · dillonmarsh.com) : à droite : Vue satellitaire de la mine et mise en évidence de l’emprise en surface des déchets miniers (© Google 2021) | Création : SystExt · Septembre 2021

• Industrie intrinsèquement prédatrice et dangereuse

Les gisements métalliques comportent deux caractéristiques intrinsèques :

  • Les minerais présentent généralement des teneurs très faibles, les substances d’intérêt étant disséminées dans des volumes de roche gigantesques ;
  • Les substances d’intérêt sont associées à un cortège d’éléments, principalement des métaux et des métalloïdes, dont certains sont particulièrement toxiques pour la santé humaine et, plus largement, pour toute forme de vie.

Pour ces deux dernières raisons, l’industrie minière met en œuvre des procédés complexes et longs, très consommateurs d’eau et d’énergie, et générant des quantités considérables de déchets. Cette industrie est d’ailleurs celle qui en produit le plus parmi toutes les autres industries.

Contrairement aux idées reçues, la phase du projet minier qui est la plus consommatrice n’est pas l’exploitation (que ce soit en souterrain ou en ciel ouvert) mais le traitement du minerai, qui représente à lui seul 70 % de la consommation d’eau et plus de 80 % de la consommation d’électricité d’un site minier.

Cette spécificité de l’industrie minière entraîne des réactions en chaîne : les déchets miniers générés induisent des impacts environnementaux majeurs, affectant tous les milieux (eaux, air, sols), et cette dégradation de l’environnement ainsi que la contamination des milieux de vie des populations sont à l’origine de conséquences sanitaires et sociales graves.

Étant donné que les sites miniers s’implantent sur des emprises importantes, requièrent l’usage massif d’eau, d’énergie et d’infrastructures pour leur fonctionnement, et sont à l’origine de dommages environnementaux, les conflits sont inévitables :

  • Conflits d’usages avec les riverains et acteurs locaux ;
  • Conflits socio-culturels dus aux perturbations profondes engendrées par l’installation du site, en particulier les migrations et les déplacements forcés de populations ;
  • Conflits socio-environnementaux avec les populations affectées et les défenseurs des droits.

Par ailleurs, l’industrie minière est souvent installée dans des zones occupées par des peuples autochtones et/ou à haute sensibilité écologique.

Il en résulte une exacerbation des conflits qui se reflète dans les statistiques mondiales : le secteur est responsable du plus grand nombre de conflits socio-environnementaux et est impliqué dans le plus grand nombre d’assassinats de défenseurs des droits.

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Cancers et métaux lourds : une fois la mine fermée, la vie empoisonnée

Sarah Lefèvre et Édouard Richard (Reporterre) 10 janvier 2022

https://reporterre.net/Cancers-et-metaux-lourds-une-fois-la-mine-fermee-la-vie-empoisonnee

Dans les Cévennes, au pied de mines à l’arrêt depuis cinquante ans, des déchets chargés en métaux lourds polluent sols et rivières et intoxiquent les habitants. Voici l’histoire de leur combat et celle d’un État qui ne les entend pas.

Saint-Félix-de-Pallières (Gard)

Jaurès, labrador colossal aux yeux doux, pose sa tête sur nos genoux. En bout de table, Michel sourit : il se souvient de leur arrivée avec sa femme, route de Saint-Félix, il y a quarante ans : « On a trouvé cette maison, un endroit magnifique, à l’abri du mistral et en plein soleil, dans la nature comme on aimait. » Il a passé vacances et weekends à retaper cette ruine à flanc de colline. Après des années de bons et loyaux services pour la CGT et la mairie d’Alès, à trente minutes de là, Michel Bourgeat pensait enfin pouvoir se reposer et cultiver son jardin.

La vie a suivi son cours jusqu’en 2012, date à laquelle les habitants de Saint-Félix-de-Pallières, de Tornac et de Thoiras ont appris des pouvoirs publics qu’ils vivaient dans une zone polluée. « Des gens d’une société sont venus faire des prélèvements. On leur a demandé pourquoi, mais ils ne pouvaient pas nous le dire, raconte Michel. Un an après, on a reçu une lettre de l’ARS [l’Agence régionale de santé] qui disait que j’habitais dans un endroit très fortement pollué et qu’il fallait que je me coupe les ongles à ras, que je nettoie les appuis de fenêtres, que j’enlève les moquettes au sol, que mes animaux ne devaient pas rentrer dans la maison… » Michel poursuit l’énumération, il connaît la liste par cœur. « Conseils sanitaires destinés aux personnes vivant sur ou à proximité de sols fortement concentrés en métaux et métalloïdes » : c’est le titre du courrier officiel de l’ARS Languedoc-Roussillon reçue par Michel et ses voisins. « Toutes ces recommandations visent à limiter votre exposition aux polluants présents dans les poussières des sols. » Cette phrase, en gras, conclut la liste en seize points.

Dix ans plus tard, et alors que la mine de zinc et de plomb a beau avoir été fermée en 1971, ces polluants sont toujours là. Arsenic, plomb, zinc, cadmium, antimoine, cuivre hantent sols et eaux. Le petit village et ses alentours symbolisent les ratés de l’État dans la gestion de l’après-mine. Les années ont passéé et face à cette incurie et au scandale sanitaire, les médias ont déserté les lieux tandis que la lutte s’essoufflait. Une poignée de retraités, de saisonniers ou de personnes vivant en camion, accompagnée de quelques experts, se battent encore.

Michel savait-il qu’il vivait dans une zone polluée avant de recevoir cette lettre ? Il remonte le cours du temps pendant que Jaurès poursuit son tour de table à la recherche de caresses : « Ces événements n’arrivent pas d’un coup. Ça a commencé avec une ânesse morte. On a fait venir le vétérinaire. Il a diagnostiqué une leucémie ou une très forte anémie. Ensuite, j’avais des poules qui grattaient dehors et paf, un matin, j’en trouve une morte. D’habitude, on le voit, une poule qui va mourir mais là, en une nuit, elle est morte ! » Puis ses chiennes ont eu des cancers des mamelles, son chien, des testicules. Michel a le souffle court. « Ça vient tout doucement, on ne fait pas obligatoirement le lien. Je ne dis pas que c’est ça, je ne peux pas le prouver. Je fais un constat. »

À 85 ans, après un cancer de la prostate, Michel vient de se faire opérer d’un deuxième cancer de la peau. « Il semblerait que j’en ai encore un autre qui se pointe ailleurs », ajoute-t-il. Il vit seul avec Jaurès. Sa femme est morte. Elle a enchainé avant lui cancer du sein et mélanome. « Mon voisin de là-haut, les autres d’ici… c’est pareil. Dans toutes les familles, il y a des cancers. » Parmi les papiers qu’il nous a préparés sur la table, la réponse tant attendue du tribunal de Marseille, reçue à l’été 2020. Vingt-sept familles de la région, l’Association pour la dépollution des anciennes mines de la vieille montagne (ADAMVM) et Générations futures avaient porté plainte en 2016 auprès du pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Marseille pour « mise en danger de la vie d’autrui, atteinte involontaire à l’intégrité physique, tromperie sur la marchandise entraînant un danger pour la santé de l’homme ou de l’animal » [1]. Une plainte classée sans suite, car, selon ce courrier, « il n’a pu être établi un lien de causalité direct entre les anciennes activités extractives des sites de Saint-Félix […] et la pollution des sols et l’état de santé des populations ».

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Bientôt le « portefeuille d’identité numérique », un cauchemar totalitaire

Celia Izoard (Reporterre) – 7 décembre 2021

https://reporterre.net/Bientot-le-portefeuille-d-identite-numerique-un-cauchemar-totalitaire

Envie de partager votre vie entière avec un groupe privé, partenaire du gouvernement ? C’est l’idée du « portefeuille d’identité numérique », sur les rails en Europe. Selon notre chroniqueuse, avec ce contrôle étouffant, la liberté disparaît.

Celia Izoard, journaliste, coauteure de La Liberté dans le coma : Essai sur l’identification électronique et les motifs de s’y opposer (Groupe Marcuse, La Lenteur, réed. 2019). Elle a retraduit et préfacé 1984, de George Orwell (Agone, 2021). Elle est aussi chroniqueuse pour Reporterre.


Lucie, jeune étudiante, sort de son lit. Au petit-déjeuner, sur son smartphone, un message du gouvernement lui signale qu’elle doit faire son rappel de vaccination. Arrivée à la fac où elle va passer un partiel, elle positionne le smartphone face à son visage pour activer la reconnaissance biométrique, ce qui génère un QR code que l’examinatrice souriante flashe pour l’identifier. Un peu plus tard, consultation chez le médecin : du même geste fluide, Lucie scanne son visage et lui tend un QR code qu’il reconnaît avec son écran avant d’ouvrir son dossier médical. Puis, dans le taxi qui la ramène chez elle, elle commande un passeport, là aussi en s’identifiant par reconnaissance faciale, puis loue une voiture en Australie en prévision d’un voyage. Le soir venu, à la porte d’un bar où elle rejoint ses amis, elle tend aimablement son smartphone au vigile qui flashe un QR code prouvant qu’elle a l’âge d’entrer.

Vous venez de voir une publicité du groupe Thalès pour son Digital Identity Wallet : un « portefeuille d’identité numérique », c’est-à-dire une sorte de passe sanitaire étendu à toutes les démarches de la vie quotidienne, assorti d’un dispositif de reconnaissance biométrique pour empêcher la fraude. On pourrait y voir une version du film Bienvenue à Gattaca [1] auquel il ne manquerait que le profilage génétique ; un cauchemar totalitaire dans lequel toute relation de confiance et de solidarité est rendue impossible par des procédures de validation contrôlées par une administration écrasante. Eh bien, pas du tout.

Le Digital Identity Wallet est « le meilleur ami de Lucie », nous dit Thalès, car c’est un outil de liberté qui protège sa vie privée. Il « offre aux citoyens un contrôle total sur leurs données personnelles, avec la liberté de décider quelles informations ils partagent, quand et avec qui ils souhaitent les partager ». Par exemple, à l’entrée du bar, Lucie a pu générer un QR code qui ne révèle que son âge, et aucune autre information personnelle. En d’autres termes, elle partage sa vie entière avec le groupe Thalès et ses partenaires (dont le gouvernement), mais elle ne lâchera rien au vigile.

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Manifestation et scène ouverte contre l’impasse sanitaire – Samedi 6 Novembre -Guéret

Ce samedi 6 novembre nous serons encore dans la rue pour dénoncer l’injustice et l’illégitimité du pass sanitaire.

Rendez-vous dès midi devant la médiathèque de Guéret pour un repas tiré du panier, pour celles et ceux qui seraient déjà sur place pour la manif contre les éoliennes industrielles du matin, ou bien qui souhaiteraient simplement passer un moment de convivialité et d’échange.

Départ devant la médiathèque à 14h00.


Au retour, devant la médiathèque également, le collectif Caravane des Libertés proposera une scène ouverte artistique et revendicative.

A vos arts, à vos pancartes et banderoles, à vos idées… pour clamer de toutes les manières possibles notre refus de cette société de contrôle permanent.

Alors que le Sénat propose une version « allégée » de la loi « vigilance sanitaire », préférant une prolongation du pass sanitaire jusque février « seulement » au lieu de juillet comme le souhaitait l’Assemblée nationale, nous ne lâchons rien.

Nous ne saurions nous satisfaire de ce semblant de victoire. Le Parlement se réuni à partir d’aujourd’hui afin de se mettre d’accord sur un texte commun. Le seul texte que nous accepterions serait un texte qui entérine la fin immédiate de l’état d’urgence, ou de son ersatz qui ne porte pas son nom, et de toute ses mesures exceptionnelles qui n’ont que trop duré, comme le pass sanitaire.

Il est indispensable de continuer à faire entendre nos voix.

Nos revendications n’ont pas changé :
Non au pass sanitaire.
Non au contrôle et à la surveillance généralisée de la population.
Des moyens pour la santé et tous les services publics Pour que chacun et chacune puisse vivre libre et dignement.
Stop à la casse sociale et à la dictature sanitaire.

Montagne d’or : les investisseurs russes réclament 4 milliards € à la France devant un tribunal arbitral

lundi 25 octobre 2021

Communiqué de presse des collectifs Stop CETA-MERCOSUR et Or de question

Le projet aurifère de la Montagne d’Or fait à nouveau parler de lui : l’entreprise Nordgold réclame 4 milliards € à la France en réparation de la décision du gouvernement français de ne pas prolonger la concession minière en question. Ce contentieux est ouvert devant un tribunal arbitral dans le cadre du Traité bilatéral de protection des investissements entre la France et la Russie qui est entré en vigueur en 1991. Les collectif Stop CETA-Mercosur et Or de Question apportent leur plein et entier soutien aux organisations et citoyens mobilisés depuis des années contre ce projet et renouvellent leur appel consistant à débrancher le plus rapidement possible ces mécanismes de protection des investisseurs (ISDS) qui font obstacle au pouvoir de réglementation des États.

Fruit de la mobilisation citoyenne en Guyane et en métropole, la décision du gouvernement français du printemps 2019 consistant à ne pas renouveler la concession minière sur laquelle est envisagé le projet industriel de la Montagne d’Or est désormais l’objet d’un contentieux arbitral enclenché par l’entreprise russe Nordgold et les deux holdings Severgroup et KN Holdings qui la possèdent, et qui sont elles-mêmes détenues par le même actionnaire Alexeï Mordachov. Ils réclament près de 4 milliards d’euros en réparation à l’annulation d’un projet dont elle espérait qu’il rapporterait au moins 3 milliards d’euros à terme, mais dont la première brique n’a jamais été posée.

Comme le montre une analyse détaillée produite par l’Aitec et le T-lab, ce cas illustre d’abord les errements et manquements des gouvernements français successifs, et particulièrement d’Emmanuel Macron, qui ont trop longtemps soutenu et encouragé ce projet d’exploitation aurifère en Guyane. Ce soutien inconditionnel affiché au moins jusqu’à l’automne 2018, offre un argument de taille aux investisseurs russes devant le tribunal arbitral : le gouvernement risque d’avoir le plus grand mal à expliquer comment Emmanuel Macron a pu présenter ce projet comme le porte drapeau du renouveau de la Mine en France – encourageant ainsi la poursuite des recherches et des travaux préparatoires-, puis considérer à partir de 2019 qu’il ne devait plus voir le jour.

Dès lors que les investisseurs l’ont demandé, cet arbitrage est inévitable. Il est d’autant plus regrettable qu’il s’appuie sur un traité de protection des investissements particulièrement favorable aux investisseurs : il ne comporte aucune disposition limitant leur accès à ce mécanisme, par exemple l’obligation d’attendre l’épuisement de tous les recours devant les tribunaux nationaux – ce qui est le cas de la Montagne d’Or puisque le Conseil d’État doit encore statuer sur une procédure en cours. Et il n’offre aucune exception particulière qui préserverait l’espace de réglementation nécessaire à la France et la Russie pour la protection de la santé publique, de l’environnement ou du climat.

Sauf à ce que le panel estime que le contentieux est irrecevable, ou requiert d’attendre la décision du Conseil d’État avant d’engager la procédure, compte-tenu des éléments disponibles, la France joue gros : Paris ne pourra éviter le litige et le risque de dédommagements énormes qu’en négociant un arrangement financier. L’opinion publique en sera-t-elle informée ? Rien n’est moins sûr : en 2008, après l’abandon par Nicolas Sarkozy du projet minier de la compagnie canadienne Iamgold à Kaw, la Guyane avait déjà connu un chantage similaire. Ce cas qui avait été soldé par un arrangement politique et financier dont les citoyens n’ont jamais connu les détails.

Les errements d’un gouvernement désireux de relancer la filière aurifère quel qu’en soit le coût écologique pourraient conduire au gaspillage de centaines de millions d’euros en réparation de l’annulation d’un projet qui aurait dû être stoppé bien plus tôt. L’arbitrage Investisseur-État est particulièrement prisé dans l’industrie extractive, et a déjà donné lieu à des milliards de dommages accordés à des entreprises qui n’avaient même pas commencé à forer, au Pakistan ou en Colombie par exemple. Or compte-tenu de l’urgence climatique, des enjeux de protection de biodiversité, des besoins de services publics étendus, qui exigent tous bien souvent de remettre en cause les droits acquis des industriels privés (éliminer les énergies fossiles, restreindre les activités industrielles, socialiser des activités de services etc), ce genre de contentieux ne peut que se multiplier. Compte-tenu de l’appétit des entreprises minières en Guyane et dans les pays voisins, ce sont la survie de l’Amazonie et la préservation de la planète qui sont en jeu.

C’est d’ailleurs la tendance observée à l’échelle planétaire depuis une quinzaine d’années : du Chili aux Pays-Bas, de la Roumanie à la Slovénie, il y a de plus en plus d’États poursuivis par des multinationales suite à des mesures touchant aux ressources, au climat ou aux services publics. Le contentieux enclenché par Nordgold est le premier de cette nature à concerner la France : la réforme du code minier, extrêmement tardive et pas pleinement satisfaisante, n’aura pas permis d’empêcher un tel recours. Ce contentieux doit conduire le gouvernement français au sursaut : il est urgent de débrancher, le plus rapidement possible en raison des clauses de survie qu’ils contiennent, ces mécanismes de protection des investisseurs (ISDS) qui font obstacle au pouvoir de réglementation des États. A commencer par le Traité sur la charte de l’énergie et le CETA.

Pour aller plus loin :

Lire : l’intégralité du communiqué

MARCHE POUR DES FORÊTS VIVANTES – 16 Oct

Pour le partage d’une culture forestière sur la montagne limousine

Rendez-vous devant le lycée forestier de Meymac à 9h30, départ à 10h précises. Arrivée à Millevaches prévue vers 18h. Apportez de quoi vous restaurer ! Une navette à Millevaches sera là pour vous raccompagner à Meymac si nécessaire.

Le 17 avril 2021 plus de cent personnes étaient rassemblée sur une coupe rase à Faux-la-montagne pour dénoncer le pillage d’une forêt de feuillus, le 2 août 2021 paraissait à l’initiative de plusieurs collectifs d’habitant.es, associations, syndicats et forestiers de toutes les régions un appel à mobilisation nationale pour la préservation des forêts en France : L’Appel pour des forêts vivantes. Le week end du 16-17 octobre est la date de lancement de cette année de mobilisations.

En réponse à cet appel et pour prolonger la mobilisation sur notre territoire, en terre de la montagne limousine, nous invitons à une grande marche le samedi 16 octobre de Meymac à Millevaches, de l’école forestière au siège du Parc naturel de Millevaches. Cette marche a pour but de placer au cœur de l’espace public les enjeux environnementaux et sociaux de la forêt depuis l’expérience que nous, habitant-es du territoire, professionnel-les ou non, faisons de nos paysages naturels que nous souhaitons préserver vivants et diversifiés.

En solidarité avec un grand nombre des acteurs du bois, dont les professions sont mises à mal par des exigences de rendement intenables et dont le rôle pour la protection des forêts disparaît à mesure que son industrialisation s’impose à l’ensemble de la chaîne de production, nous souhaitons provoquer avec cette marche une dynamique populaire de prise de conscience collective d’un contexte environnemental qui nous concerne tous. Ainsi nous appelons chacune et chacun qui se retrouve dans l’idée de se réapproprier les questions environnementales, dont elles et ils ont été écartées, à dépasser leurs préjugés et à rejoindre cette marche pour des forêts vivantes.

Sur la route, nous ferons deux haltes pour échanger nos points de vue et interroger nos certitudes.

• Lors de la première halte, au Mont Bessou, nous parlerons de ce qu’est une forêt authentiquement vivante parmi les milieux diversifiés de la montagne limousine.

• Lors de la seconde, nous parlerons de la forêt française dans l’espace de la globalisation, de la filière bois et des biens communs.

Notre histoire nous réserve des surprises. En 1977, aux Bordes, on marchait contre l’enrésinement du plateau et les horizons bouchés par les plantations. Quarante-cinq ans après, mal aimée ou en libre évolution depuis la déprise agricole, la forêt limousine est devenue une composante essentielle de nos milieux de vie. Le 16 octobre, nous marcherons contre les coupes qui transforment n’importe quel arbre de n’importe quel âge en matière brute pour l’industrie. Marcher pour la forêt en 2021, ce n’est qu’une autre façon de combattre la même logique folle qui entraînait à l’époque la brutale transformation des paysages au nom du productivisme.

En participant à cette marche sur la montagne limousine, rejoignez l’Appel pour des forêts vivantes pour faire face à la destruction galopante des régions forestières. Rendez-vous devant le lycée forestier de Meymac à 9h30, départ à 10h00 précise. Arrivée à Millevaches prévue à 17h00. Apportez de quoi vous restaurer. Une navette à Millevaches sera là pour raccompagner les participant-es à Meymac.

Nous contacter : foret@syndicat-montagne.org

Lire l’article sur https://syndicat-montagne.org/marche-pour-des-forets-vivantes/

Covas de Barroso : le plus grand projet d’exploitation de lithium d’Europe

La société minière britannique Savannah lance une campagne de désinformation

paru dans lundimatin#305, le 20 septembre 2021

Covas Do Barroso est une région au nord du Portugal, scène nouvelle d’une des luttes les plus importante de notre époque. La British Savannah Resources projette d’y ouvrir une mine de lithium à ciel ouvert de 593 hectares et qui deviendrait la plus grosse exploitation de ce type en Europe. La décision finale pour ce projet doit être bientôt annoncée par l’Agence Portugaise de l’Environnement.
Malmenée par des mensonges politiques, la population s’est mobilisée et organisée pour résister contre ce méga-projet.

Notamment en ouvrant un campement ce mois d’aout dernier. Accueillis avec générosité, des journalistes et activistes d’Espagne, du Mexique, de Suisse, de France et de tout le Portugal ont pu rencontrer et discuter avec les habitantes et habitants en résistance, partageant autour de leurs luttes et de leurs résistances.

Depuis 2018, les populations des régions et territoires du Portugal se sont indignées et soulevées contre différents projets d’exploitation minière de lithium. Les entreprises ont utilisé plusieurs médias locaux et nationaux pour pouvoir contrôler les discours concernant l’activité minière et le lithium, les présentant systématiquement comme la solution soutenable et « verte ». Certains de ces articles se vendent même comme des « reportages », et cachent en réalité une désinformation dangereuse qui sert uniquement aux entreprises.

C’est dans ce contexte, et, continuant cette campagne de désinformation, que ce dernier 28 aout se publie un long entretien dans un des plus grands journaux nationaux : Diário de Notícias. Relayé dans son supplément Dinheiro Vivo, l’entretien se voit octroyé la une des deux gazettes. En prétendant faire du journalisme, l’entretien de David Archer- PDG de la Savannah Resources est mené par Joana Petiz, directrice éditoriale du DV et subdirectrice du DN. Autrement dit, il s’agit d’une publicité gratuite, sans point de vue critique, mais avec un ton paternaliste et insultant, ridiculisant les habitants de Barroso qui défendent leur territoire et leurs vies depuis des années.

British Savannah Resources est l’entreprise minière qui a l’intention d’ouvrir une mine de lithium de 593 hectares à ciel ouvert à Covas do Barroso. Face au silence des projets de fact-checking (désintox) reconnus, nous avons décidé de soumettre ces deux écrits à une vérification rigoureuse des faits.

Barroso : Une « région moribonde » ?

Dans son éditorial, Petiz qualifie Barroso de « région de plus en plus dépourvue d’habitants, de capacité à survivre, ou de diversification de ses moyens de subsistance ». Ce qu’elle qualifie comme une « région moribonde » est en réalité classifié par la FAO comme Patrimoine Agricole Mondial depuis 2018 : prenant en compte « la forme traditionnelle de travailler la terre, du soin des animaux et de l’entraide entre ses habitants ». C’est la seule région du Portugal à bénéficier de cette classification, et l’une des 7 dans toute l’Europe. Une grande partie de la région fait aussi partie de la Réserve de la Biosphère Transfrontalière Gerês-Xurès, créée en 2009.

Dans cette région, la « capacité de subsistance » et les « moyens de subsistance » proviennent en grande partie de l’activité agricole et de l’élevage, en particulier de la raza Barrosã. Il s’agit d’une race bovine qui s’est déjà trouvée au bord de l’extinction dans la région, précisément lors de grosses activités minières (majoritairement l’extraction du tungstène en galerie jusqu’aux années 1980). Sa viande est, d’après beaucoup de personnes, la meilleure du Portugal.

La majorité des villages ont toujours des terres communales, les « baldios  », administrés encore collectivement. Dans beaucoup de coins de Barroso, on conserve d’autres pratiques anciennes comme la gestion collective de l’eau et d’autres ressources. Dans les villages qui se situent dans la montagne, nous y trouvons aussi une vie associative et culturelle dynamique.

S’il est vrai qu’il s’agit d’une région avec une population vieillissante et qui a connu un dépeuplement dans les dernières décennies, à l’image de tout l’intérieur du pays, c’est tout sauf une région moribonde « dépourvue d’habitants et de sa capacité de subsistance ».

Des 800 emplois aux mines intelligentes

Dans l’entretien, David Archer affirme que les mines génèreront « environ 200 emplois directs et 600 indirects ». Chiffre déjà connu depuis L’Étude de l’Impact Environnemental (EIA- Estudio del Impacto Ambiental) présentée par l’entreprise et sans doute basée sur de sérieuses prévisions d’un spécialiste reconnu dans le domaine. Archer va encore plus loin, suggérant que « dans ces 200 emplois directs, on parle des familles, donc l’impact des personnes bénéficiaires en sera trois fois plus important ».

Quiconque est allé à Barroso, rencontré sa population et ses formes de vies, peut comprendre sans difficulté ce que représente cette gigantesque mine à ciel ouvert dans une région prospère en agriculture et pâturage.

Les explosions, la poussière, les déviations des cours d’eau pour l’usage des exploitations minières, la contamination des autres rivières… Tout est incompatible avec leurs manières de vivre. D’autant plus que l’on parle d’extraction à seulement 40 mètres des premières maisons, dans le cas de la mine ouverte de Borralha, et à 200 mètres pour les mines prévues à Covas do Barroso.

Dans ces études et prévisions sont comptabilisés des emplois dont l’origine est incertaine, mais les personnes dont les modes de vie se voient menacés par ces projets, elles, ne le sont pas. Si tous les projets miniers de la région de Barroso devaient se poursuivre, combien de centaines d’agriculteurs, bergers, éleveurs et apiculteurs, ainsi que leurs familles, devraient abandonner la vie qu’ils ont toujours connue ?

Mais revenons aux 200 emplois… Si nous nous demandons quels sont ces emplois et à qui ils s’adressent, nous trouvons la réponse dans ce même entretien. David Archer nous en informe : « il s’agit d’emplois spécialisés, comme infirmier, géologues, scientifiques de l’environnement, comptables, techniciens informatiques, à savoir, des carrières valorisées avec des salaires supérieurs à la moyenne de la région ». En d’autres mots, ce ne sont bien évidemment pas les centaines de familles qui vivent de l’agriculture et de l’élevage qui en bénéficieront, mais des gens venant de l’extérieur.

Et cependant, pour des projets de cette envergure, ils auront certainement besoin de beaucoup de main-d’œuvre non qualifiée, n’est-ce pas ? Archer précise : « Nous sommes (…) en collaboration avec de nombreuses entreprises portugaises (…) pour développer une mine intelligente, contrôlable à distance, avec une série de capteurs de surveillance de l’environnement, qui fournissent des informations en temps réel dans une application, etc. ».

C’est à dire, des processus automatisés dans lesquels une grande partie du travail est réalisée ou assistée par des machines. Ces promesses de travail visent à acheter la population locale, mais ne lui sont pas destinées. Pour connaitre le futur réel de ces promesses, il suffit de regarder la mine ouverte de Lousas, dans la paroisse voisine de Couto de Dornelas. L’entreprise Felmica y extrait du quartz et du feldspath depuis 2008. Les emplois ne profitent qu’à… une dizaine de personnes.

La mine, le développement de la région et le travail avec la communauté

Dans l’entretien, David Archer affirme : « ce projet (…) va amener une demande immobilière, [il a le potentiel de] catalyser la relocalisation des services publiques- écoles, services de santé, service postale, etc. La mine fera partie de

la solution pour revitaliser cette région et inverser la désertification, amener un marché pour les productions agricoles, et assurer la promotion de ces productions et d’autres activités ».

Car enfin, comment revitaliser et inverser la désertification d’une région en y faisant des excavations ? Qui veut vivre à côté de gigantesques cratères, à côté d’explosions journalières de 720 kilos- dans le cas de la Mine de Borralha-, voir depuis sa fenêtre des entassements de presque 200 mètres de haut comme ils pensent le faire à Covas do Barroso ?

Après tout, comment créer un marché pour les productions agricoles et assurer ces productions et activités dans une zone occupé par les mines ? Qui voudra manger de la viande de vaches qui vivent dans la poussière, et dans une terre où l’eau est contaminée ? Qui réussira à rester berger, apiculteur, fermier, éleveur dans ces conditions ?

Les demandes de Petiz orientent l’entretien du CEO de manière confortable pour eux, en évitant les questions difficiles ou critiques. Y compris en partageant des informations sur les programmes inouïs de Savannah concernant la population : « Savannah Lithium a aussi établi des fonds de compensation à hauteur de 600.000 euros / an pour travailler aux côtés de la communauté et dans des programmes de bon voisinage. Comment cela va se matérialiser ? »

Ce à quoi répond Archer : « Ce pourra être des écoles de formation professionnelle, des actions pour promouvoir les entreprises locales, l’achat d’ambulances ». À ses yeux, la population de Barroso est un groupe de campagnards qui se laisseraient acheter à n’importe quel prix. Mais ce n’est pas le cas.

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Financement participatif pour une maison d’accueil à Felletin

Madame, Monsieur, cher-es bénévoles, ami-es, sympathisant-es, chers vous,

Rénover une vieille maison en plein centre de notre petite ville creusoise et en faire 5 logements confortables pour accueillir des nouveaux arrivants, jeunes ou en famille, précaires, réfugiés, souvent sans droit, le temps suffisant pour s’installer et prendre ses marques sur le territoire : ça c’est notre (un peu fou) projet.

L’appel à don et le projet ICI

On y a mis beaucoup d’huile de coude pour la première phase, qui était la démolition de plafonds en polystyrène, conduits de cheminée et autres parois bétonnées. Maintenant, pour la deuxième phase, la construction, nous avons besoin de vous/ sous !

L’objectif de cette campagne est d’atteindre 50 000 euros d’ici le 13 octobre, en sachant que :

  • ça permettra d’avoir un toit protégeant de la pluie, une charpente qui le tient, de l’eau et de l’électricité à tous les étages, un passage de bruit réduit entre les logements, plus de fenêtres pour plus de lumière, un parquet droit, un chauffe-eau solaire, moins d’humidité et plus de chaleur… (On vous a dit qu’on voulait une maison aussi économe que possible ?)
  • on prend tout ! C’est-à-dire que vous pouvez nous soutenir soit via un don (défiscalisé à 66 %), soit via un prêt (minimum 5 000 euros, à 0 % remboursé à partir de 2026 selon des modalités à définir avec vous, cf formulaire en PJ), soit en venant nous donner des coups de main si vous préférez (chantier tous les premiers samedi du mois) !

Si ça vous parle, on vous remercie infiniment de votre soutien !

Qui peut être direct donc, et qui peut aussi se manifester par la diffusion de ce message auprès de toutes les personnes de votre entourage qui pourraient être touchées par ce projet, et dans vos réseaux sociaux !

Merci !

  • pour venir voir : Detzenou, 19 rue Chanteloube, 23500 Felletin
  • pour nous écrire : detzenou@riseup.net

https://www.helloasso.com/associations/detzenou/collectes/pour-une-maison-d-accueil-a-felletin-participez-au-financement-participatif

Fête de la Montagne limousine

C’est avec un plaisir évident et un large sourire que Gentioux-Pigerolles accueille cette année pour une nouvelle édition, attendue et espérée, la Fête de la Montagne limousine. Ce petit bout du Plateau est né en 1972 de l’association de deux communes. Il est devenu alors, et reste aujourd’hui encore, la plus vaste commune de Creuse (8000 hectares) avec vingt-six hameaux et deux bourgs. Déjà connue depuis presque un siècle pour son célèbre « orphelin au poing tendu », notre place du Monument a pris une nouvelle teinte, avec l’ouverture en juillet dernier du bar-bis-tro-restaurant « La Colombe », et les marchés d’été animés par l’association « La Bascule », activement soutenus par la municipalité depuis l’an dernier. La médiathèque, l’école, le centre de loisirs, les deux épiceries, l’espace de vie sociale, la micro-brasserie, la myriade de producteurs et d’artisans locaux et les nombreuses associations de la commune sont autant d’ingrédients qui révèlent que la mayonnaise de la vie prend chaque jour plus d’ampleur à Gentioux-Pigerolles. La Fête de la Montagne limousine est l’héritière de ces moments de rencontres qui forgent le sentiment de chacun de vivre un territoire. Cette fête est celle des habitantes et des habitants de la Montagne, elle est initiée et organisée par eux mais surtout, elle est ouverte à toutes celles et ceux qui veulent s’y investir pour montrer, découvrir, partager ce qu’ils font, ce qu’ils pensent, ce qu’ils vivent… Nous serons donc cette année à Gentioux-Pigerolles pour échanger, festoyer (et bien manger !), débattre, se détendre et surtout nous retrouver après de longs mois où les kilomètres habituels de cette Montagne limousine se sont cumulés à d’autres barrières, plus humaines…

La Fête de la Montagne limousine commencera le vendredi 24 septembre à 18h à Gentioux, dans le bourg, sur la scène du « Mur de la mort », et se poursuivra jusqu’au dimanche dans la soirée. La fête sera à l’image des éditions précédentes, composée d’un foisonnement de spectacles, de concerts, de débats et de discussions, de projections de films ou encore de conférences et même d’un atelier philo ! Mais la Fête n’est pas seulement dans Gen-tioux, elle s’étend alentours, à la découverte des environs ! Des balades sont prévues dans l’écrin de verdure qui borde de tous côtés le bourg. Et sans pour autant révéler tout ce qu’il sera possible de découvrir pendant la Fête, sachez qu’une librairie sera bordée d’une exposition des œuvres des résidents du Foyer d’Accueil Médicalisé de Gentioux et qu’un marché de produits locaux aura lieu le dimanche matin. De belles occasions de compléter votre expérience de la Fête.

Télécharger le programme

Lire la suite sur labogue.info

Rencontres des luttes dignes contre le colonialisme énergétique

Tournée informative avec une délégation de l’Isthme de Tehuantepec,
Mexique
Août- Septembre 2021, France

Reconnue comme l’une des régions les plus venteuses au monde, l’Isthme
de Tehuantepec, situé dans l’État de Oaxaca au sud du Mexique, est
devenu l’eldorado des multinationales de l’énergie renouvelable.
Protégées par le discours de l’énergie “propre” et de la “transition
énergétique”, ces grandes entreprises envahissent les terres des
populations indigènes en y installant des parcs éoliens industriels par
dizaine depuis plus de deux décennies.

Trois défenseur.euse.s du territoire de l’Isthme de Tehuantepec,
Mexique, qui s’organisent contre l’extractivisme des projets éoliens
industriels dans la communauté zapotèque de Union Hidalgo et contre les
mines à ciel ouvert dans la forêt des peuples zoques des Chimalapas,
seront présent-es en France de mi aout à fin septembre 2021 dans le
cadre d’une tournée organisée par le collectif Stop EDF Mexique. Leur
venue sera l’occasion de questionner les dynamiques coloniales et
capitalistes à l’œuvre derrière le discours de l’énergie « propre » et
de la transition écologique, en interrogeant les liens entre
renouvelable industriel, extractivisme et dépossession du territoire.

En quoi les agissements de multinationales du renouvelable à
l’international s’apparentent à un colonialisme vert ? Comment penser
une transition énergétique d’un point de vue populaire et décolonial ?
Comment sortir le thème de l’énergie du cercle des experts, des
politiques et de la seule rhétorique technique pour en faire aussi une
question sociale ? Comment repenser l’énergie et quelles sont les
alternatives énergétiques collectives et solidaires qui existent déjà ?

Il nous semble plus que nécessaire pour sortir de l’impasse dans
laquelle nous nous trouvons de penser une nouvelle dynamique
d’organisation sociale qui arrive à se détacher radicalement du modèle
capitaliste et colonialiste actuel de production de l’énergie. Nous
souhaitons que cette tournée soit un maillage de plus d’une toile
de résistances internationales en devenir : celles qui construisent des
alternatives par le bas au modèle énergétique actuel et font vivre une
écologie réelle, résolument sociale et décoloniale.

Nous avons besoin de soutien pour que puisse se tenir cette tournée
complétement auto-financée, c’est par
ici:

https://www.helloasso.com/associations/la-tempete-du-progres/collectes/rencontre-des-luttes-dignes-contre-le-colonialisme-energetique


Les dates: 

  • 22 août : Bure – Les Rayonnantes – Nous serons présent.e.s au camp-rencontre les Rayonnantes, à Bure, un camp antinucléaire où il sera aussi question de justice énergétique et climatique et de luttes contre les oppressions systémiques (racisme, colonialisme,     cishétéronormativité, classisme, validisme, spécisme…)
  • 25 août : Nantes – Université d’Été des mouvements sociaux et des solidarités – C’est un appel important qui regroupera  organisations de solidarité, associations, syndicats, médias indépendants, collectifs et réseaux de luttes, qui se mobilisent face à l’urgence climatique, l’atteinte aux droits humains, sociaux et aux libertés et la destruction des biens communs. Nous participerons à l’atelier intitulé « Une autre politique énergétique pour un nouveau modèle de développement.
  • 26-29 août : St-Victor-et-Melvieu – Fête du Vent (Amassada) – Nous nous joindrons au collectif de l’Amassada pour la célébration de leur traditionnelle Fête du vent. Cette rencontre fait particulièrement sens pour notre collectif, car l’Amassada était un « lieu de vie, un lieu d’occupation, un lieu en lutte » contre l’implantation par RTE, Réseau Transport Électricité, filiale d’EDF, d’un méga transformateur électrique raccordant les éoliennes du Sud Aveyron et des départements alentours. Un lieu qui s’est battu et se bat encore contre la même écologie mortifère et colonialiste. Retrouvez nous toute la matinée du samedi 28, qui sera consacrée à l’Isthme et à la défense du territoire. 
  • 2 septembre : Marseille – Congrès « Notre terre, notre nature : Un congrès pour décoloniser la protection de la  nature »  – Il s’agit du premier grand congrès international qui s’intéressera à la manière de décoloniser la conservation de la nature, un congrès alternatif     au Congrès mondial de la nature de l’UICN qui se tiendra quelques jours  après dans la même ville. 
  • 6 septembre : Paris – Notre venue sera l’occasion d’aller à la rencontre de plusieurs lieux et collectifs parisiens. Nous serons présent.e.s à la Base, un espace dédié à la justice climatique et sociale, pour une conférence-débat autour du colonialisme vert et de la critique du modèle de transition énergétique actuel. Nous aimerions aussi aller à la rencontre des milieux     universitaires. Plus d’informations sont à venir !
  • 10-11 septembre : Bruxelles – Climate Justice Camp – Le Climate Justice Camp aura lieu du 9 au 12 septembre 2021 et abordera les enjeux de justice  climatique et les différentes luttes contre le capitalisme et autres systèmes d’oppression. Plus d’informations à venir ! 
  • 14-18 septembre : Limans, Lure, Alpes-de-Haute-Provence – Nous nous rendrons  dans le département des Alpes de Haute Provence, pour rendre visite à la coopérative européenne agricole et artisanale autogérée Longo Maï et au collectif Elzeard Lure en résistance qui lutte pour protéger la montagne de Lure contre l’invasion de multinationales implantant sur plus de 500 ha des centrales industrielles de panneaux photovoltaïques.

… Et bien d’autres étapes notamment à Amiens, Toulouse, Fête paysanne de l’Aude, Bayonne, Grenoble, Dijon !


Cabaret des Libertés : Convergence des Libertés – 27/28/29 août

Du 27 au 29 août le Cabaret des Libertés arrive au Théâtre D’Or (Les Martinats – 23600 Boussac Bourg) pour le festival Convergence des Libertés, point final de la tournée collective de ce mois d’août, à travers le Limousin.

Programme :

Exposition Nos libertés : https://expos.artistesencreuse23.fr

Vendredi 27 août

16h Entre savoir universitaire et savoir militant : Pierre Leroux, éco socialiste à la naissance du capitalisme par Laurent Beaufils Seyam
18h Résistance en Colombie
21h “Les Chants de Maldoror” (extrait) de Lautréamont dit par Cécile Duval

Samedi 28 août

14h État de droit par Simon Charbonneau conférence et discussion
16h Textes poétiques par Brigitte Goffart
17h Abracadada (magie)
18h Surveillance et répression , rencontre et débat
avec le comité de soutien aux raflés du 15 juin
21h Concerts
Tweesta (chanson reggae acoustique)
Ripe la Lune (rock)
Sang Conteste (chansons révoltées)

Dimanche 29 août

14h Débat sur les éoliennes
16h Le rouge et le vert pièce d’Alain Astruc par le Théâtre d’Or
18h Comment s’organiser, résister face à une politique sanitaire autoritaire (discussion, rencontre, atelier ouvert à toutes et tous)
21h Scène ouverte : à vos arts ! ami.e.s musiciens, musiciennes, comédiens, comédiennes, jongleurs, jongleuses, auteur.e.s, saltimbanques, troubadours… pour que vivent les arts et la culture libres!

Entrée : PRIX LIBRE + chapeau pour les artistes. (Événement privé réservé aux adhérents, en payant votre entrée, vous devenez adhérent ponctuel)


L’art, la culture, nos vies ne sauraient être mis.e.s en cage !

* * *


Le Cabaret des Libertés :

Le Cabaret des Libertés est né comme une scène ouverte à Guéret pour défendre la liberté d’accès à l’art et à la culture. Il s’est métamorphosé en un collectif de saltimbanques qui ont décidé de prendre la route ensemble à travers le Limousin au cours de ce mois d’août afin de partager leurs spectacles et une certaine conception de la liberté.
Le Cabaret des Libertés est continuellement en mouvement.
Il évolue, se transforme, s’invente et se réinvente au grès des rencontres et des aléas de la route et du voyage…


La troupe :
Tweesta (chanson reggae acoustique), Sang Conteste (chansons rêvoltées), Ripe la Lune (rock), Abracadada (magie)…

Programme en version pdf

Brochure : Histoire et contexte de la lutte de Bure

A lire sur Bure Bure Bure / dimanche 15 août 2021

Voici une carte du territoire autour de Bure dont la légende suit dans la brochure just’après. Il s’agit d’une représentation de la zone, afin de mieux comprendre les différents lieux et les temps forts de la lutte (Laboratoire de l’Andra, ancienne gare de Luméville, bois Lejuc, lutte contre Unitech à Joinville, archives d’Houdelaincourt, GIP,..). La carte, qui est plutôt une interprétation à vue d’oiseau de la réalité, pourra être complétée d’autres documents plus précis, pour une vision plus affinée du territoire. Ce qui nous importait ici, était beaucoup plus la place laissée au texte.

La lutte de Bure étant ancrée depuis près de 25 ans, et afin d’avoir une vision plus complète des dernières années, la deuxième partie de la brochure est une chronologie de la lutte contre Cigéo. Les deux parties vont l’une avec l’autre, mais peuvent aussi se lire indépendamment. C’est la raison pour laquelle des séquences historiques peuvent se redonder de temps en temps (bois Lejuc et 2016-2017, par exemple).

Comme toute mise sur papier d’une perception du territoire et des évènements passés, il s’agit là d’une vision subjective (bien que collective), une sorte d’outil, un moyen, mais qui ne doit pas être pris pour argent cash et n’attend que d’être critiqué, confronté à d’autres discours, témoignages.

La brochure est également disponible en anglais [here in zine format], allemand [hier das Broschüre Format] et italien [qui impaginato in formato opuscolo].
Sur ce beau verbiage pompeux, belle lecture (et plus si affinités) contre Cigéo !

Sommaire :
-> GÉOGRAPHIE D’UN TERRITOIRE NUCLÉARISÉ :
Le Laboratoire de l’Andra
La Maison de Résistance à la Poubelle Nucléaire
Le bois Lejuc
L’ancienne gare de Luméville-en-Ornois
À Froncles (42 km du labo) : POMA, sous-traitant de Ciégo
À Joinville (22 km du labo) : UNITECH, un autre exemple de nucléarisation du territoire
Les financements du GIP
La SAFER ou l’accaparement des terres, des forêts et des bâtiments
-> CHRONOLOGIE DES LUTTES LOCALES :
1) 1987-2000 : Où se trouvera le site de stockage que personne ne veut ?
2) 2000-2014 : Premières années à Bure
3) 2014-2015 : Bure n’est pas qu’un problème meusien/haut-marnais!
4) 2016-2017 : occupation du Bois Lejuc et résistances agricoles
5) 2017-2019 : la répression s’intensifie sur les opposant·es
6) 2019-aujourd’hui
7) Les enjeux d’aujourd’hui : 2021 et le risque de l’accélération des travaux
-> POUR ALLER PLUS LOIN…

Format page par pageFormat brochure

Passe sanitaire : quelle surveillance redouter ?

Source : La quadrature du net – 19 Août 2021

Les critiques du passe sanitaire dénoncent unanimement un « danger autoritaire ». Assez justement, la CNIL elle-même présente ce danger comme « le risque d’accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de glissement, à l’avenir, et potentiellement pour d’autres considérations, vers une société où de tels contrôles deviendraient la norme et non l’exception ». Prenons un instant pour détailler ce danger et répondre à la question : de quel type de surveillance le passe sanitaire est-il l’expression ?

Il existe déjà de nombreux « dispositifs attentatoires à la vie privée » contre la généralisation desquels nous luttons depuis des années : écoutes téléphoniques, fichage, caméras, drones, géolocalisation, logiciels espions… Pour comprendre et prévenir les dangers posés par le passe sanitaire, il faut le situer précisément au sein de cet écosystème. Certains outils de surveillance sont plus ou moins faciles à déployer, à plus ou moins grande échelle, de façon plus ou moins visible et avec des conséquences très variables. En comprenant dans quel mouvement technologique et à partir de quels outils pré-existants le passe sanitaire s’est construit, nous espérons lutter plus efficacement contre la banalisation du type de surveillance qu’il permet.

Contrôler pour exclure

Pour prendre du recul, décrivons de façon générale l’action que permet de réaliser le passe sanitaire : exclure de certains emplois, transports et lieux des personnes dont la situation diffère de certains critères fixés par l’État.

Formulé ainsi, ce mode de régulation n’a rien de nouveau. C’est notamment de cette façon que l’État français traite les personnes étrangères : l’accès aux transports vers le territoire national, puis l’accès au séjour et à l’emploi sur le-dit territoire n’est permis que si la situation des personnes étrangères est conforme à des critères fixés par l’État (situation personnelle familiale et économique, pays d’origine, âge…). Le respect des critères est vérifié une première fois en amont puis se traduit par la délivrance d’un titre : visa, cartes de séjour, etc. Ensuite, la police n’a plus qu’à contrôler la possession de ces titres pour contrôler la situation des personnes, puis leur ouvrir ou leur fermer les accès correspondants. En menaçant d’exclure du territoire ou de l’emploi les personnes ne disposant pas du bon titre, l’État déploie une lourde répression – les conséquences pour les personnes exclues sont particulièrement dissuasives.

Toutefois, jusqu’à peu, ce type de répression avait d’importantes limitations pratiques : les titres ne pouvaient être délivrés qu’avec un certain délai et à un certain coût, de nombreux policiers devaient être déployés pour les vérifier et certains policiers devaient même être spécifiquement formés pour en vérifier l’authenticité. Ces limitations expliquent sans doute en partie pourquoi ce type de répression s’est jusqu’ici centré sur des cas précis (tel que le contrôle des personnes étrangères) sans être systématiquement déployé pour gérer n’importe quelle situation que l’État souhaiterait réguler.

Le passe sanitaire est la traduction d’évolutions techniques qui pourraient supprimer ces anciennes limites et permettre à cette forme de répression de s’appliquer à l’ensemble de la population, pour une très large diversité de lieux et d’activités.

Passage à l’échelle technologique

Au cours de la dernière décennie, la majorité de la population française (84% en 2020) s’est équipée en smartphone muni d’un appareil photo et capable de lire des code-barres en 2D, tels que des codes QR. En parallèle, l’administration s’est largement appropriée les outils que sont le code-barre en 2D et la cryptographie afin de sécuriser les documents qu’elle délivre : avis d’imposition, carte d’identité électronique… Le code en 2D rend quasi-nul le coût et la vitesse d’écriture et de lecture d’informations sur un support papier ou numérique, et la cryptographie permet d’assurer l’intégrité et l’authenticité de ces informations (garantir qu’elles n’ont pas été modifiées et qu’elles ont été produites par l’autorité habilitée).

Si ces évolutions ne sont pas particulièrement impressionnantes en elles-même, leur concomitance rend aujourd’hui possible des choses impensables il y a encore quelques années. Elle permet notamment de confier à des dizaines de milliers de personnes non-formées et non-payées par l’État (mais simplement munies d’un smartphone) la mission de contrôler l’ensemble de la population à l’entrée d’innombrables lieux publics, et ce, à un coût extrêmement faible pour l’État puisque l’essentiel de l’infrastructure (les téléphones) a déjà été financée de manière privée par les personnes chargées du contrôle.

Désormais, et soudainement, l’État a les moyens matériels pour réguler l’espace public dans des proportions presque totales.

Une brique de plus à la Technopolice

La crise sanitaire a très certainement facilité ces évolutions, mais son rôle ne doit pas être exagéré. Cet emballement dramatique des pouvoirs de l´État s’inscrit dans un mouvement d’ensemble déjà à l’œuvre depuis plusieurs années, qui n’a pas attendu le coronavirus, et contre lequel nous luttons sous le nom de « Technopolice ». Il s’agit du déploiement de nouvelles technologies visant à transformer les villes en « safe cities » capables de réguler l’ensemble de l’espace public.

La Technopolice est l’expression d’évolutions technologiques qui, comme on l’a vu avec le cas du passe sanitaire, ont permis de rendre totales des formes de régulations qui, jusqu’alors, étaient plus ou moins ciblées. Prenons le cas emblématique des caméras : jusqu’à peu, la police était matériellement limitée à une politique de vidéosurveillance ciblée. Elle ne pouvait exploiter les enregistrements vidéo que pour analyser quelques situations ciblées, à défaut de pouvoir mettre un agent derrière chaque caméra 24 heures sur 24. De même, l’identification d’une personne filmée demandait des efforts importants.

Ces limitations ont depuis volé en éclat. La reconnaissance faciale rend presque triviale l’identification des personnes filmées (voir notre exposé). L’analyse automatisée d’images permet de détecter en continu tous les événements définis comme « anormaux » : faire la manche, être trop statique, courir, former un grand groupe de personnes, dessiner sur un mur… (voir par exemple les projets imaginés à Marseille ou à Valenciennes). Plus besoin de placer un agent derrière chaque caméra pour avoir une vision totale. Qu’il s’agisse du passe sanitaire ou de l’analyse d’image automatisée, dans les deux cas, la technologie a permis à des techniques ciblées de se transformer en outils de contrôle de masse de l’espace public.

Contrôle permanent des corps

Ce parallèle nous permet d’apporter une précision importante : qu’il s’agisse du passe sanitaire ou de la détection automatique des comportements « anormaux », ces systèmes ne nécessitent pas forcément un contrôle d’identité. Le logiciel d’imagerie qui signale votre comportement « anormal » se moque bien de connaître votre nom. De même, en théorie, le passe sanitaire aussi pourrait fonctionner sans contenir votre nom – c’est d’ailleurs ce que prévoyait la loi initiale sur la sortie de crise ou, plus inquiétant, ce que proposent désormais certaines entreprises en se fondant non plus sur le nom mais le visage. Dans ces situations, tout ce qui compte pour l’État est de diriger nos corps dans l’espace afin de renvoyer aux marges celles et ceux qui – peu importe leurs noms – ne se conforment pas à ses exigences.

Ce contrôle des corps se fait en continu et à tous les niveaux. D’abord pour détecter les corps jugés « anormaux », que ce soit par leur comportement, leur apparence, leur visage, leur statut vaccinal, leur âge… Ensuite pour contraindre les corps et les exclure de la société, que ce soit par la force armée de la police ou par des interdictions d’entrée. Enfin pour habiter les corps et les esprits en nous faisant intérioriser les règles dictées par l’État et en poussant à l’auto-exclusion les personnes qui ne s’y soumettent pas. Tout cela à l’échelle de l’ensemble de la population.

Une accoutumance injustifiée

L’adoption massive du passe sanitaire relève d’une bataille culturelle menée par le gouvernement visant à habituer la population à se soumettre à ce contrôle de masse. Cette accoutumance permettrait à l’État de poursuivre plus facilement sa conquête totale de l’espace public telle qu’il l’a déjà entamée avec la Technopolice.

Pourtant, paradoxalement, dans son format actuel, le passe sanitaire n’apparaît pas comme étant lui-même un outil de régulation très efficace. Il semble difficile d’empêcher les médecins qui le souhaitent de fournir des passes à des personnes qui ne devraient pas en recevoir. Et, quand bien même les passes seraient attribués aux « bonnes personnes », en l’état celles-ci peuvent facilement les partager avec les « mauvaises personnes ». Certes, la police entend réaliser des contrôles d’identité pour lutter contre ces échanges mais, si l’efficacité du système repose au final sur des contrôles de police aléatoires, il n’était pas nécessaire de déployer des mécanismes de surveillance de masse pour aller au-delà ce qui se fait déjà en la matière, par exemple avec les ordonnances manuscrites délivrées par les médecins que la police peut vérifier en cas de soupçons. Cela permettrait au moins de diminuer les risques d’accoutumance à un nouveau système de contrôle de masse.

Hélas, il semble plus sérieux d’envisager le scénario inverse : l’inefficacité du passe sanitaire pourrait servir de prétexte pour le perfectionner, notamment en permettant aux contrôleurs non-policiers de détecter les échanges de passe. Comme vu plus haut, certains proposent déjà un nouveau système affichant le visage des personnes contrôlées. Une telle évolution nous livrerait la version pleinement aboutie et efficace du système de contrôle de masse rêvé par la Technopolice – et la police n’aurait presque plus à travailler pour contrôler les passes.

Obligation de prouver la nécessité

Même dans son format le plus sophistiqué, l’efficacité du passe sur le plan sanitaire resterait toujours à démontrer – il demeure de nombreuses incertitudes, que ce soit sur la valeur des tests au bout de 72 heures, sur le taux de transmission même une fois vacciné, sur le cas des nouveaux variants, sur l’efficacité de la contrainte pour inciter la population à se faire vacciner, ou sur la durée de validité à retenir pour les tests de dépistage.

Au plan juridique et politique, et tel que nous l’avions rappelé pour StopCovid, l’État est soumis à une règle simple mais fondamentale : il a l’obligation de prouver qu’une mesure causant des risques pour les libertés fondamentales est absolument nécessaire avant de la déployer. Dans notre cas, non seulement le gouvernement n’a pas encore démontré l’efficacité du passe sanitaire mais, plus grave, il a refusé de déployer ou de tester l’efficacité de mesures alternatives qui ne causeraient aucun risque pour les libertés (telles que des campagnes de communication bienveillantes, transparentes et non-paternalistes pour inviter à se faire vacciner), ou des mesures complémentaires ambitieuses (tel que le déblocage de financements pour permettre le dédoublement des salles de classe et leur aération, ce que le gouvernement à tout bonnement écarté).

Conclusion

Résumons : le passe sanitaire illustre des évolutions technologiques qui permettent à un mode de répression ancien (la répression par l’exclusion, illustrée notamment par le contrôle des personnes étrangères) de passer d’une échelle relativement restreinte à une échelle presque totale, concernant l’ensemble de la population et de l’espace public, afin de renvoyer à ses marges les personnes qui ne se soumettent pas aux injonctions de l’État.

Si, aujourd’hui, ces injonctions ne sont que d’ordre sanitaire, il faut encore une fois redouter que ce genre d’outil, une fois banalisé, soit mis au service d’injonctions dépassant largement ce cadre. Cette crainte est d’autant plus pesante que ce processus a déjà commencé au sein de la Technopolice, qui esquisse d’ores et déjà un mode de régulation social fondé sur la détection et l’exclusion de toute personne considérée comme déviante ou comme ayant un comportement « anormal » aux yeux de l’État et des entreprises de sécurité qui définissent ensemble et de manière opaque les nouvelles normes de comportement en société.

Dernier rappel stratégique : si le gouvernement français se permet d’imposer de tels outils de détection et d’exclusion des personnes qu’il juge indésirables, c’est notamment car il peut reprendre à son compte, et redynamiser à son tour, les obsessions que l’extrême droite est parvenue à banaliser dans le débat public ces dernières années afin de traquer, de contrôler et d’exclure une certaine partie de la population. La lutte contre les risques autoritaires du passe sanitaire serait vaine si elle ne s’accompagnait pas d’une lutte contre les idées d’extrême droite qui en ont été les prémices. La lutte contre le passe sanitaire ne doit pas se faire avec, mais contre l’extrême droite et ses obsessions, qu’elles soient dans la rue ou au gouvernement.

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La justice permet l’exploitation minière de la Montagne d’or

Hélène Ferrarini (Reporterre) 17 Juillet

La justice administrative a donné raison en appel à la compagnie minière qui souhaite exploiter la Montagne d’or en Guyane. Le juge a appliqué un Code minier archaïque, face à un État français qui n’a guère fait de zèle pour défendre sa position.

Vendredi 16 juillet, la cour administrative d’appel de Bordeaux a confirmé le jugement en première instance du tribunal de Cayenne : la compagnie Montagne d’or a bien droit aux concessions minières que le ministère de l’Économie, en charge des mines, refuse pour l’instant de lui délivrer. Avec ces titres miniers, le consortium russo-canadien Nordgold – Orea mining (anciennement Columbus gold) peut envisager d’exploiter le gisement d’or primaire qui se trouve dans l’emprise de l’une de ces concessions.

Début 2019, la Compagnie Montagne d’or contestait auprès du tribunal administratif de la Guyane le refus implicite que lui opposait le ministère de l’Économie. Ce dernier ne lui délivrait pas les titres miniers dont elle demandait le prolongement pour une durée de 25 ans. En décembre 2020, le juge administratif de Cayenne avait enjoint à l’État d’octroyer ces concessions à la compagnie minière sous six mois.

Réaction à retardement

Lors de cette première instance, l’État avait brillé par la « faiblesse » de ses arguments, allant jusqu’à n’envoyer aucun représentant lors de l’audience du 3 décembre dernier pour défendre sa position devant le juge administratif de Cayenne. Pourtant, le 3 février 2021, les ministres de la Transition écologique et des Outre-mer, Barbara Pompili et Sébastien Lecornu ainsi que la ministre déléguée à l’Industrie Agnès Pannier-Runacher signaient un communiqué de presse dans lequel ils annonçaient avoir déposé un recours contre la décision du tribunal administratif de Cayenne auprès de la cour d’appel de Bordeaux. Peine perdue. Cette dernière vient de confirmer le jugement de première instance et condamne l’État à verser 2 000 euros à la compagnie minière.

Cette fois, le ministre de l’Économie a bien développé devant la cour d’appel des arguments environnementaux — qu’il n’avait pas mobilisés en première instance — arguant « des fortes sensibilités du milieu environnemental dans lequel s’insère le projet, de l’ampleur de ce dernier et des nombreux impacts des travaux envisagés pour mener à bien l’exploitation, ainsi que de l’impossibilité de faire obstacle, par les mesures d’évitement envisagées, aux atteintes importantes aux milieux naturels, à la faune et à la flore ». Mais le juge administratif répond que ces éléments n’entrent pas en ligne de compte lors de l’octroi d’un titre minier, car il « ne permet la réalisation d’aucun travaux miniers lesquels […] doivent faire l’objet d’une autorisation de travaux miniers, la société devant seulement établir, au stade du renouvellement de la concession, ses capacités techniques et financières à poursuivre l’exploitation ».

Un droit minier dépassé ?

Guyane Nature Environnement a réagi sur Twitter : « Malgré les promesses du président Macron, la justice applique normalement le Code minier, qui ne prenait pas en compte l’environnement jusqu’à la loi Climat », commente l’association, membre du collectif Or de question qui lutte depuis 2016 contre ce projet minier d’une échelle jusqu’à présent inconnue en Guyane et ayant recours à la cyanuration.

Après plusieurs années de mobilisation citoyenne, le gouvernement a lui aussi pris ses distances avec Montagne d’or depuis mai 2019, pointant l’incompatibilité de ce projet minier avec ses « exigences environnementales ». Mais, en plus d’avoir montré peu d’entrain à défendre cette position, le gouvernement se trouve juridiquement démuni. Dans l’état actuel du droit minier, hérité du XIXᵉ siècle, seules les capacités techniques et financières sont prises en compte pour délivrer un titre minier.

Une réforme du droit minier, que le gouvernement a inséré dans la loi Climat sans concertation avec les membres de la Convention citoyenne pour le Climat, pourrait désormais permettre de considérer les impacts environnementaux lors de l’octroi de titres miniers. Une possibilité sur laquelle la justice administrative n’a pas pu s’appuyer en l’état actuel du droit.

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